"Nous devons positionner la filière des matériaux de construction comme créatrice de valeur", Michel André, président de l'Unicem

Elu le 18 juin à la tête de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem), le président de Cemex France, Michel André, expose au Moniteur sa feuille de route pour la fédération.

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Michel André, président de Cemex France et président de l'Unicem

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter à la tête de l’Unicem ?

Michel André : J’ai pu mesurer tout l’intérêt de l’engagement syndical dans de précédentes fonctions à l’Unicem. Je souhaitais pouvoir m’investir et apporter ma contribution. Même si les temps sont compliqués pour nos métiers, il faut continuer de s’investir et jouer « collectif ». Depuis longtemps, je milite au sein du bureau de l’Unicem pour que l’on ait un président qui soit aussi dirigeant d’entreprise. J’ai remarqué que cela pouvait peser quand on rencontre des personnes en externe.

Vous avez dit vouloir poursuivre les initiatives de votre prédécesseur. Quelles vont être vos premières actions et la feuille de route que vous comptez suivre ?

M. A. : Je souhaite augmenter la visibilité de notre filière comme un acteur de la construction durable moderne, en phase avec les évolutions de la société. Je souhaite affirmer ce positionnement et arriver à obtenir la reconnaissance que les filières des matériaux de construction créent de la valeur au quotidien sur les territoires, tant au niveau citoyen qu’environnemental et économique. Plus que par le passé, j'aimerais que nos filières puissent jouir d'une reconnaissance plus tangible de la part des parties prenantes, c'est pour cela que le sujet de la commande publique responsable au niveau local me tient à coeur. Il est tout à fait légitime que l’on demande à une filière comme la nôtre d’être responsable et exemplaire en matière de maîtrise de ses impacts, environnementaux et économiques par exemple, mais il faut aussi que ces exigences soient prises en compte du côté des pouvoirs publics quand il s’agit de l’attribution des marchés. Il y a des demandes sociétales qui sont tout à fait pertinentes et logiques vis-à-vis de notre filière, les acteurs industriels essayent d’y répondre au mieux, mais il va falloir que les décideurs valorisent ces démarches.

Vous avez été à l’origine de la création de la commission développement durable de l’Unicem et en avez été le président. En quoi cette implication va-t-elle influencer votre mandat ?

M. A. : On m’a élu en connaissant mes convictions et je compte bien accélérer dans cette voie. Nous avons été impliqués il y a quelques années dans le Grenelle de l’environnement, nous avons récemment été auditionnés dans le cadre de la commission Richard (spécialisée sur la démocratisation du dialogue environnemental, ndlr) et 2015 sera l'année de la COP21 : nous avons des sujets à proposer, des savoir-faire à mettre en avant. Le discours selon lequel notre filière est indispensable ou hégémonique parce que le granulat est la deuxième matière naturelle la plus consommée après l’eau en France doit être dépassé. Nous nous devons de bien positionner notre filière, en disant qu’elle répond aux attentes de la société car l’acte de construction reste une demande émanant de l’ensemble des citoyens. A partir de là, nous pourrons peser dans les débats environnementaux ou réglementaires qui touchent nos professions.

Le premier semestre 2015 s’annonce très dégradé pour l’activité matériaux de construction. Comment rassurer une filière qui continue de souffrir ?

M. A. : Je ne pense pas que mon rôle, en tant que président, soit de rassurer les acteurs, il faut regarder les réalités en face. Aujourd’hui nous dépendons à 70% de la commande publique et les investissements sont à des niveaux extrêmement bas. Avec les autres acteurs de la filière construction, nous allons continuer à alerter les pouvoirs publics sur le fait qu’il faudrait pouvoir relancer l’acte de construire, qu’il soit présenté non pas comme une contrainte mais comme un investissement de long terme pour les générations futures. Concernant les 30% d’activité qui restent, à savoir la construction résidentielle, je pense que les dispositifs ponctuels comme la loi Pinel vont dans le bon sens pour nous. Mais aujourd’hui, nous arrivons à des niveaux de production peu compatibles avec le fait de maintenir en activité nos sites industriels sur une longue période, c’est un véritable problème. En cumul, c’est plus de 350 000 emplois qui ont été détruits dans notre filière depuis 2008. Le gouvernement doit agir, nous avons vraiment besoin de mesures qui boostent la construction à tous les niveaux.

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