De nombreux travaux sont en cours ou viennent de s’achever sur les aéroports parisiens d’Orly et Charles-de-Gaulle. Qu’est-ce qui explique ce niveau d’activité ?
Nous observons depuis plusieurs années une croissance importante du trafic de voyageurs sur nos deux plate-formes. Pour la seule année 2019, 76,2 millions de personnes ont transité par Charles-de-Gaulle. Cette hausse de 5,4%, soit 3,8 millions de voyageurs supplémentaires, il nous faut l’absorber. Une telle progression maintenue sur trois ans équivaut tout de même aux flux annuels de l’aéroport de Marseille.
Le cas d’Orly est lui un peu différent. La plate-forme a enregistré une baisse de fréquentation en 2019 due à la reconstruction de la piste 3 et au dépôt de bilan de deux compagnies. C’est un phénomène conjoncturel qui ne remet pas en cause notre analyse d’une croissance tendancielle des flux qui nous impose de pousser les murs de nos infrastructures, agrandir nos terminaux, repenser les accès aux avions, créer de nouvelles places de parking…
Où en êtes-vous de votre programme de chantiers ?
Sur Orly, nous avons terminé la construction du bâtiment de jonction qui relie l’ensemble des terminaux. Les deux halls historiques, Orly ouest et Orly sud, ont été réorganisés en quatre grandes zones : Orly 1, 2, 3 et 4 pour fluidifier le trafic de l’aérogare. Au sud, la reconstruction de la piste 3 vient également de s’achever après 18 semaines d’intervention et la déprogrammation de quelque 7000 vols. Par ailleurs, nous réalisons un nouveau bâtiment au niveau d'Orly 4 avec pour objectif de refondre le parcours des départs internationaux. Une telle initiative suppose de repenser le cheminement des passagers, l’organisation des postes frontières, du circuit et de la sécurité de tri des bagages, etc. La livraison de l’ouvrage s’effectuera en deux tranches : une première à l’été 2020 puis une seconde au printemps 2021.
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Qu’en est-il de la plate-forme Paris-Charles-de-Gaulle ?
Evidemment Paris-Charles-de Gaulle est concerné au premier titre par cette dynamique de travaux. Nous y menons deux projets de construction majeurs : la construction d’une liaison entre les terminaux 2B et 2D, qui devrait être livrée avant l’été, ainsi que la jonction des satellites 1,2 et 3 au niveau du terminal historique T1, qui doit elle aussi être livrée courant 2021. Ce dernier projet doit permettre de créer de nouvelles zones d’embarquement plus confortables, et d’augmenter dans le même temps la capacité d’accueil de l’aérogare.
D’autres travaux structurants seront-ils bientôt lancés ?
Nous prévoyons un ambitieux chantier pour faciliter l’accès des véhicules à CDG depuis l’A1. L’idée consiste à créer une rocade de contournement côté Est pour continuer de garantir que chaque véhicule puisse accéder à l’aérogare en 20 minutes maximum. Quelques études de faisabilité ont été déjà lancées de même que certains appels d’offres auprès de sociétés d’ingénierie. Par ailleurs, si nous souhaitons redonner de la fluidité au trafic, sur une planification de 4 à 5 ans, nous devons également réfléchir en matière de transfert modal. Déjà largement entamée, la construction de la gare de la Ligne 14 du Grand Paris Express qui desservira Orly répond à cet enjeu. Du côté de CDG, les travaux n’ont pas encore débuté, nous sommes seulement en phase d’études. Mais il est prévu de construire deux gares : l’une au niveau de la gare TGV, et l’autre au niveau du terminal T4.
« En matière de travaux, nous nous sommes fixés pour objectif d’atteindre la neutralité carbone avec compensation à l’horizon 2030, puis sans à l’horizon 2050. »
L’enveloppe dédiée à ces projets est-elle déjà validée ?
Pas encore. En matière de planification, nous achevons la dernière phase de notre contrat de régulation économique (CRE, NDLR), qui s’achève en 2020. Le prochain sera validé cet été et s’étalera sur la période 2021-2025. Ce mécanisme de financement a pour but d’anticiper sur plusieurs années les besoins d’accueil de nos infrastructures. Etant donné la hausse croissante des voyageurs, le montant de l’enveloppe devrait par conséquent fortement augmenter et passer de 3 milliards à environ 6 milliards d’euros.
Vous évoquiez la desserte par transports en commun. Comment progresse le projet du Charles-de-Gaulle Express ?
Ce contrat est géré par l’Etat et une société mixte gestionnaire composée de la Caisse des dépôts, de SNCF Réseau et du Groupe ADP. Sur le tronçon du futur CDG Express, il y aura donc deux maîtres d’ouvrage : SNCF Réseau pour la partie parisienne, et le Groupe ADP pour la partie aéroport. Sur le périmètre qui nous concerne, nous réalisons déjà des travaux sur notre plate-forme aéroportuaire tels que le déplacement de la zone de remisage des RER B que nous avons déjà livré à SNCF Réseau. Nous avons en outre creusé un tunnel d’accès pour le train sous les pistes de l’aéroport CDG. Cet ouvrage est quasiment terminé aujourd’hui [une partie avait déjà été construite par anticipation, à l’époque des travaux du Module d'échange de la Gare TGV et RER du Terminal 2. NDLR]. A présent nous commençons les travaux d’adaptation de cette gare pour pouvoir accueillir les premiers voyageurs à l’horizon 2025.
L’empreinte carbone de vos chantiers est-il pour vous un sujet de préoccupation ?
En matière de travaux, nous nous sommes fixés pour objectif d’atteindre la neutralité carbone avec compensation à l’horizon 2030, puis sans à l’horizon 2050. Pour l’atteindre, l’engagement des entreprises sera évidemment déterminant. C’est pourquoi nous voulons favoriser l’émergence d’innovations au travers de contrats globaux de performance ou encore d’encouragements au recours à des variantes. La reconstruction de la piste 3 constitue un bon exemple de ce qui peut être fait. Dans ce cas, le groupement mené par Colas, nous a proposé de recycler les agrégats in situ de l’ancienne piste béton en vue d’un réusage dans la couche de forme de la nouvelle. Nous avons ainsi réincorporé environ 200 000 m3 de matériaux issus de la déconstruction. Dans ce domaine, toutes les idées sont les bienvenues comme l’emploi de matériaux alternatifs pour nos infrastructures tel que le bois.