La lutte contre les bouilloires thermiques, dernier combat de Valérie Létard ?

Au Congrès national du bâtiment durable, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine a présenté ses différentes mesures afin d’adapter les appartements et maisons au réchauffement climatique.

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Valérie Létard le 4 septembre au CNBD de Lille
Valérie Létard le 4 septembre au CNBD de Lille

« Nous parlons d’un sujet de très long terme et qui concerne toutes les générations : nos aînés, nos enfants, nos petits-enfants et sans aucun doute ceux qui viendront après », rappelle Valérie Létard, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine, au Congrès national du bâtiment durable organisé le 4 septembre à Lille. A moins d’une semaine du vote de confiance à l’Assemblée nationale qui pourrait déboucher sur la chute de son gouvernement...

Le changement climatique est bien là. Les épisodes de canicule de cet été, en juin puis en août, avec des températures dépassant les 40°C en témoignent. « En France, les données montrent une accélération spectaculaire. Entre 1947 et 2000, seulement 17 vagues de chaleur ont été recensées sur 50 ans, contre 32 entre 2000 et jusqu’à 2025, soit seulement sur 25 ans », indique-t-elle, précisant que « les projections indiquent que le nombre de jours de canicule pourrait être multiplié par cinq d’ici à 2050 avec une hausse de l’intensité des épisodes ».

Les efforts doivent reprendre

Les premières actions ont porté leurs fruits. « Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé d’environ 16,5% entre 2017 et 2023. Le secteur de la construction y a particulièrement contribué, baissant ses émissions de 36% principalement grâce à la politique volontariste de rénovation énergétique des bâtiments. C’est le plus gros contributeur à cette baisse d’après le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) », souligne la ministre en poste depuis onze mois. Malgré ce premier pas, depuis, les données montrent que l’atténuation stagne. Les efforts doivent reprendre.

Mais ne combattre que les causes du changement climatique ne suffira pas. Même s’il s’agit de la première mesure, nous devons aussi nous adapter. A ce sujet, dans sa lutte récente contre les bouilloires thermiques, le ministre du Logement interrogeait la population au travers d’une étude commandée à l’association Qualitel sur les aléas climatiques et les logements, dont les résultats complets seront dévoilés le 8 octobre. « Les premiers chiffres révèlent […] que 66 % des Français ont éprouvé des difficultés à supporter la chaleur dans leur habitat, un inconfort particulièrement marqué dans les grandes métropoles, les espaces non traversants, les appartements et les studios », indique Valérie Létard.

Aménager le territoire

Dans ce contexte, Valérie Létard dit vouloir travailler avec l’ensemble des ministères à la mise en place d’un plan de lutte contre les bouilloires thermiques.

La première mesure concernera l’aménagement du territoire via des plans locaux d’urbanisme ou à l’échelle des projets de rénovation urbaine. « Nature en ville, plantation d’arbres d’ombrage adapté au changement climatique, création de corridors verts et de points d’eau, gestion intégrée des eaux pluviales, adaptation des revêtements et du mobilier urbain, les solutions sont nombreuses », énumère-t-elle.

« Il faut également lever les obstacles pour faciliter l’installation de protections solaires dans des zones patrimoniales qui concentrent 30 % des logements en France en travaillant avec les Architectes des bâtiments de France, poursuit la ministre. Concilier le respect du notre patrimoine est essentiel, mais faire preuve de pragmatisme en y associant la qualité des solutions possible, devrait être envisageable. »

Ensuite, elle prône l’isolation des logements, et plus particulièrement des toitures et des combles. « Ces travaux devront continuer d’être financés dans MaPrimeRénov’ en 2026 », martèle-t-elle. Pour rester au frais, il devient aussi nécessaire de massifier l’utilisation des protections solaires telles que les volets, les stores et brise-soleil, ainsi que les brasseurs d’airs en plafond, des solutions largement éprouvées dans les départements d’outre-mer.

Rafraîchir sans climatiser

Enfin, pour la ministre, « il ne faut pas s’interdire de réfléchir à la production de froid, en privilégiant d’abord les solutions collectives et renouvelables, comme les réseaux de froid urbain […] ou les pompes à chaleur air/air collectives en toiture dans les copropriétés ».

Pac air/air et air/eau devront également être au rendez-vous. « Ces équipements sont décarbonnés et surtout réversibles, ils permettent donc d’en optimiser d’autres par ailleurs nécessaires pour se chauffer », pointe Valérie Létard. Elle met en garde : « il faut impérativement éviter le développement anarchique des climatiseurs individuels peu performants et qui font flamber les factures des ménages ». D’autant plus que ces équipements renforcent les effets d’ilot de chaleur urbain.

Ce plan de lutte contre les bouilloires thermiques s’inscrit pleinement dans le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique, qui attend toujours des moyens conséquents.

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