La réduction de l’impact environnemental constitue un nouveau socle de votre responsabilité d’entreprise. Quelles en sont les traductions concrètes ?
Dans notre actualité récente, nous avons signé la charte Paris Action climat qui nous engage à inscrire notre activité dans les objectifs du Plan climat énergie de Paris par la maîtrise de nos consommations énergétiques et la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Nous avons signé un Plan climat également avec le Grand Lyon fin octobre. Nous savons dorénavant que la politique RSE pour le groupe Point.P n’est pas une option. Notre modèle de management fondé sur l’importance de l’humain, notre politique Achats qui à l’image du groupe Saint-Gobain se doit d’être exemplaire, en étaient déjà des témoignages.
Désormais, cette démarche pour un Avenir durable se porte aussi de façon plus urgente et en liens étroits avec les pouvoirs publics sur la gestion de notre parc d’agences dans les zones urbaines. Face à la densification des villes et les problématiques immobilières qui découlent des évolutions démographiques, nous avons le devoir de mieux intégrer nos agences dans leur territoire, d’optimiser les flux de véhicules inhérents à notre profession, de réduire notre emprise foncière. Nos schémas d’approvisionnement et de livraisons s’en trouvent aujourd’hui transformés. Les agences Point.P bénéficient d’une organisation logistique à plusieurs niveaux, fondée sur des stocks centraux dédiés pour l’outillage et le carrelage, des agences stockistes en périphérie qui approvisionnent les chantiers, et des agences en ville recentrées sur l’emporté. Dans le réseau sanitaire-chauffage, nous sommes en voie de finalisation du projet avec la construction de sept plateformes de 15 000 m2 qui approvisionneront 80 % des produits nécessaires à l’agence et 100 % des besoins livrés.
L’Intégration des sites dans leur environnement et la performance thermique des agences font-elles parties de cette politique ?
Nous avons effectivement achevé un bilan des consommations et des niveaux de performances de la moitié de notre réseau de points de vente. Notre programme d’investissements vise en priorité les agences les plus énergivores. La rénovation de nos points de vente est un enjeu majeur, car au-delà du bilan thermique pour lequel nous visons les exigences maximales, nous apportons désormais un soin particulier à l’esthétique, par exemple en intégrant le bois en façade, en végétalisant l’extérieur, en fermant visuellement nos cours-matériaux avec des haies. Il serait illusoire de viser l’homogénéité d’un réseau extrêmement diversifié mais le cahier des charges commun est de nous fondre davantage dans le paysage local.
Vous semblez avoir transformé chaque contrainte de la RSE en opportunité ?
Il est vrai que nos intérêts et ceux des mairies, communautés de communes ou sociétés d’aménagement peuvent converger. Lorsque nous décidons de libérer parfois dix sites en ville, ces collectivités sont à mêmes de nous proposer d’autres possibilités d’implantations sur des espaces circulants mais non urbains. En région parisienne, la réhabilitation d’une friche industrielle à Pantin nous permet de rassembler toutes nos agences de spécialistes à côté des agences Point.P, créant ainsi pour le client un véritable pôle de services. Dans le même esprit, la résolution des contraintes logistiques sont devenues aujourd’hui une force, car nous avons réussi à diminuer le taux de rupture en agence et à prendre de nouveaux engagements sur la livraison. Nous garantissons en effet un créneau de deux heures, choisi par le client et confirmé par un sms. Un second message l’informe du départ du camion mais si le créneau n’est pas tenu, nous le remboursons. Ces investissements nous font aussi gagner des parts de marché.
Est-ce également une façon de se préparer à l’e-commerce et au multicanal ?
Clairement, nous ne voyons pas l’e-commerce s’organiser à partir de l’agence. Sur ce sujet, nous devons arriver avec un projet du niveau de ce qu’apporte aujourd’hui Amazon en termes d’offre produits, d’informations, de disponibilité et de livraison. Cela signifie qu’il faut d’abord mettre en ligne la logistique, l’informatique, puis construire un site Internet et un call-center. Pour parvenir au multicanal, il faut franchir toutes ces étapes et dans cet ordre. Nous pensons qu’à horizon cinq ans, un tiers du business se fera en multicanal dans le sanitaire-chauffage. Nous devons être prêts à l’absorber tout en restant prudents. En revanche, le développement de services numériques est une réflexion majeure. Au-delà de la vente, notre métier consiste d’une part à aider le professionnel à être plus performant, et d’autre part à aider le particulier à réaliser son projet. Chacune de ces clientèles suit un parcours différent. Le professionnel s’interroge en premier lieu sur tout ce qui va concerner le produit, puis la réalisation et l’argumentation de son devis, enfin sa commande et sa livraison. Le particulier, lui est à la recherche de solutions. Nous avons l’ambition d’enrichir ces parcours en amont du point de vente, dans l’agence puis à nouveau chez le client grâce à Internet. Nous ambitionnons d’être dans un avenir proche leader de l’information numérique sur le produit.
Face à la RT 2012, et bientôt la mention RGE, quel rôle peut remplir le négoce dans l’accompagnement client ?
Au contact du marché, Point.P vient enrichir et accélérer la stratégie de Saint-Gobain sur l’habitat durable. Nous avons débuté il y a déjà cinq ans un travail de pédagogie à travers notre road-show Eco-Reflexes, prolongé par notre programme Certy Pro autour des CEE, qui rassemble aujourd’hui 7 000 artisans. C’était peut-être un peu tôt pour le marché, mais nous avons sans cesse relancé la mécanique auprès de nos clients. La date butoir est désormais connue. Le 1er juillet 2014, l’éco-conditionnalité à la qualification RGE entrera en vigueur. Nous souhaitons fluidifier l’information et simplifier la nécessaire montée en compétence des artisans. Nos réponses se trouvent dans nos agences Point.P dotées de Comptoirs Efficacité Energétique pour l’enveloppe et dans nos agences Cedeo certifiées EnR Service Pro pour l’énergie, ainsi que dans le déploiement du partenariat signé avec la Capeb. Nous incitons en effet des dizaines de milliers de clients à aller se former en les orientant sur les organismes agréés. Cette date butoir est une bonne chose, nous devons tous maintenir ce cap. Les particuliers seront également partie prenante. Notre rôle est d’être le miroir, le reflet du Guichet unique, quelle que soit la forme qu’il prendra. La RT 2012 et le Plan bâtiment durable réalisent un travail considérable et très bien construit. Il suffit de peu pour que tout cela prenne forme, mais une stabilité des mesures avec une clarification de ce qu’est la rénovation énergétique est un préalable.


