Toucher les PME relève pour un médecin du travail du BTP de la quadrature du cercle lorsque l'on connaît le nombre de salariés et d'entreprises que doit suivre un médecin et l'éparpillement des chantiers sur le territoire. Comment faire pour les sensibiliser aux risques, sachant qu'il est impossible pour un médecin de visiter chaque année toutes les entreprises dont il a la charge ? Les 29 et 30 avril à Toulouse, le Groupement national des médecins du travail du BTP (GNM-BTP) s'est penché sur cette question.
« Les petites entreprises sont soumises, en matière de prévention des risques, aux mêmes obligations que les entreprises plus importantes », rappelle Jean-François Canonne, président du GNM-BTP. « Mais l'application effective des textes reste souvent difficile à mettre en oeuvre. Dans les PME, il n'existe en règle générale aucune structure comparable par exemple aux comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail qui permettent d'aider à connaître, comprendre et mettre en application la réglementation. Dès lors, celle-ci est souvent simplement vécue comme une contrainte. »
Les médecins du travail du BTP sont unanimes sur un point : il est illusoire de penser toucher chaque petite entreprise prise individuellement. Dès lors, la définition d'actions collectives s'impose pour repérer les nuisances, évaluer les risques et bâtir des stratégies de prévention. Dans les Alpes-Maritimes, une opération originale fut conduite auprès des carreleurs et des maçons carreleurs (voir encadré).
De la même manière, le service interentreprise de médecine du travail du BTP de la région parisienne a mené une action de terrain auprès de 33 chantiers de peinture confiés à des petites entreprises. L'objet était d'identifier les risques chimiques propres à ces entreprises. « Nous avons réalisé une fiche de chantier que nous remplissions lors de chaque visite pour emmagasiner le maximum d'informations sur les produits utilisés, explique Dominique Guernier-Larvaron, médecin du travail du BTP. Ensuite nous avons demandé aux fabricants les fiches de données de sécurité pour connaître la composition des produits utilisés. Puis nous avons réalisé des affichettes pour informer les salariés des risques encourus et des précautions à prendre. »
De telles expérimentations se multiplient dans les services interentreprises de médecine du travail du BTP avec, souvent, le soutien des autres préventeurs (Cram, OPPBTP) et des organisations professionnelles. Le but est de toucher le plus grand nombre d'entreprises.
