A Marseille, l'épineux dossier de rénovation des écoles

Le tribunal administratif de Marseille a annulé, il y a un mois, la délibération municipale qui approuvait le choix d’un marché de partenariat pour la rénovation de 34 écoles. Une décision qui booste l’action du « collectif anti-PPP des écoles ». Il demande désormais la réalisation d’un audit technique sur l’ensemble des 444 écoles marseillaises.

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A Marseille, le collectif « pour la rénovation des écoles » demande aujourd’hui la réalisation d’un audit technique sur l’ensemble des 444 écoles de la ville.

Après l’annulation, le 12 février dernier, par le tribunal administratif, de la délibération du conseil municipal de Marseille du 16 octobre 2017, qui actait le principe d’un recours à la procédure de marché de partenariat pour la réhabilitation de 34 écoles primaires, le « collectif anti-PPP des écoles », qui avait porté le recours, se rebaptise « collectif PRE », c’est-à-dire « pour la rénovation des écoles ». Et repart en croisade.

En effet, si les membres du collectif (1) estiment que cette annulation est une première étape positive par rapport à leur demande, ils ne veulent pas, alors que la Ville de Marseille a annoncé qu’elle allait faire appel, que le dossier reste en stand-by jusqu’au prochain jugement.

Questionnaire à remplir avant le 15 mars

« La décision du TA a déjà une conséquence très importante sur le fond, explique Pierre-Marie Ganozzi (FSU 13), président du collectif, c’est l’évolution de la position de l’Etat. Le préfet des Bouches-du-Rhône, qui n’envisageait aucune ingérence dans un dossier qu’il considérait comme de la compétence exclusive de la ville de Marseille, a pris sa plume, conjointement avec le recteur de l’Académie, pour écrire à Jean-Claude Gaudin et lui proposer son appui dans la réalisation d’un audit de l’ensemble des 444 écoles marseillaises ».

La réalisation d’un tel audit est une des premières revendications portées depuis un an et demi par le collectif, qui se réjouit qu’elle soit reprise aujourd’hui aussi bien les services départementaux de l’Education nationale que par un grand nombre de députés LREM des Bouches-du-Rhône.

Le directeur académique départemental, Dominique Beck, par un courrier en date du 4 mars 2019, a demandé aux directeurs(trices) des écoles de Marseille de renseigner avant le 15 mars un questionnaire, destiné à fournir un état des lieux précis de l’état de leurs établissements.

Le directeur académique adjoint, Jacques Flodrops, s’est vu confier la mission de constituer une cellule de suivi de la rénovation des écoles à Marseille. L’Etat prendrait-il désormais la main sur le dossier ? « C’est juste un simple coup de pression », préfère analyser Pierre-Marie Ganozzi.

Un diagnostic technique à réaliser en trois phases

Dans le même temps, un amendement à la loi « Ecole de la confiance » actuellement discutée au Parlement, présenté par la députée LREM Cathy Racon-Bouzon et porté par une grande majorité des députés du département (2), met en avant « le délabrement des bâtiments scolaires à Marseille (qui) continuent d’entraîner un risque pour la sécurité et la santé des enfants et des enseignants » et demande que le gouvernement remette au parlement, avant le 30 septembre 2019, un « rapport sur l’état du bâti des écoles maternelles et élémentaires de Marseille ».

Indépendamment du fait que cet amendement a peu de chance d’être voté et appliqué, compte tenu des délais extrêmement courts, il met un peu plus de lumière sur la problématique des écoles à Marseille et permet au collectif de proposer des actions concrètes en trois phases dans les prochains mois.

Loi MOP

Pour Maxime Repaux, architecte et membre du bureau du SA 13, « il est indispensable que cet audit soit non seulement renseigné par les enseignantsmais surtout validé ensuite techniquement par des professionnels, architectes, bureaux d’études, économistes, ingénieurs, contrôleurs techniques.

En phase 2, un comité de pilotage constitué de ces professionnels, d’un AMO et des enseignants concernés établira un plan de travail selon les urgences et enfin, en phase 3, des appels d’offres seront lancés selon la procédure de la loi MOP. » Pour lui, l’urgence à intervenir ne concerne « pas forcément » simplement les 28 écoles de type Pailleron ciblées par le marché de partenariat. « L’audit, justement, devra servir à nous dire exactement où se situe l’urgence. »

Par ailleurs, alors que la pétition qu’ils ont lancée a recueilli à ce jour plus de 12 000 signatures, les conseillers municipaux Jean-Marc Coppola (PC) et Benoit Payan (PS) se préparent à demander au conseil municipal du 1er avril de discuter d’une nouvelle délibération pour la rénovation des écoles. Une discussion que la majorité municipale aura du mal à éviter.

Méthodologie proposée par le syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône :

(1) Composé du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône (SA 13), l’Unsa, la MAV Paca, le Cinov, la Capeb 13, le syndicat national du second œuvre (SNSO), de nombreux syndicats d’enseignants (FSU, Sud Education, SNU, etc.) ou de parents d’élèves, et des citoyens.

(2) Said Ahamada, Jean-Marc Zulesi, Anne-Laurence Petel, Joël Giraud et Alexandra Louis, ainsi que Cédric Roussel (Alpes-Maritimes), Cendra Motin (Isère) et Sophie Panonacle (Gironde).

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