La chasse au carbone est lancée, les résultats attendent encore
Les enjeux inhérents à la crise climatique et à la chasse au CO2 ont rythmé le quinquennat, en particulier avec les rebondissements liés à la RE 2020. Si le texte est bien entré en vigueur au 1er janvier dernier, il ne peut réellement compter à l'actif de l'exécutif, puisque l'expérimentation E+ C- qui le préfigure a commencé en 2016. A son crédit tout de même, la méthode de l'analyse du cycle de vie (ACV) dynamique, qui favorise la mise en œuvre de matériaux biosourcés, a été validée.
La RE 2020 s'inscrit dans le contexte plus large de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui vise à réduire nos émissions de CO2 par paliers afin de respecter l'accord de Paris signé en 2015. Las, le budget de la première période (2015-2018) a été dépassé de 62 millions de tonnes de CO2, ce qui a valu à l'Etat sa deuxième condamnation pour inaction climatique fin 2021. Il avait déjà été condamné en juillet dernier par le Conseil d'Etat après un recours de la Ville de Grande-Synthe (Nord), menacée par la montée du niveau de la mer. Malgré ces décisions qui lui enjoignent d'agir rapidement, le gouvernement continue à avancer lentement sur la massification des rénovations énergétiques des logements. Certes, le crédit d'impôt transition énergétique a été transformé en MaPrimeRénov'. Cependant, derrière ces ajustements, le défi reste de financer des rénovations globales, plus vertueuses, alors que 86 % des financements publics octroyés concernent toujours des mono-gestes.
Les friches retrouvent de la vigueur
Le quinquennat a aussi été marqué par une politique offensive de lutte contre l'artificialisation des sols. Préserver la biodiversité est essentiel pour réduire les effets du réchauffement climatique sur nos conditions de vie. Fixé dès juillet 2018 dans le plan Biodiversité, l'objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) - qui devra être atteint en 2050 - a trouvé une traduction législative dans la loi Climat et résilience. Afin de rythmer la trajectoire, le législateur a prévu de diviser par deux l'artificialisation des sols dans les dix prochaines années. Autre terrain de jeu : les friches. La notion est désormais gravée dans le marbre de la loi, à l'article L. 111-26 du Code de l'urbanisme. Pour inciter les acteurs à financer les opérations de recyclage, le gouvernement a mis la main au portefeuille en déployant un fonds Friches de 650 M€. Une enveloppe de 100 M€ supplémentaires a été débloquée en janvier. De quoi consommer ce foncier sans modération.
Les fonds n'ont pas jailli des Assises de l'eau
Concertation nationale menée en 2018 et 2019, les Assises de l'eau devaient répondre à un défi majeur : comment mieux partager une ressource menacée par le changement climatique, tout en améliorant son état écologique ? Le volet agricole de l'exercice s'est prolongé jusqu'au début 2022 sous le nom de Varenne. Mais le miracle budgétaire n'a pas eu lieu : les fonds distribués par les agences de l'eau continuent à se tarir, alors que leur mission s'élargit à la biodiversité. Cela n'empêche pas l'esprit des Assises de souffler à travers le nouvel outil mis à la disposition des collectivités locales : les projets de territoire pour la gestion de l'eau.