Logements sociaux passifs en climat méditerranéen

Avec six logements sociaux labélisés Minergie- Passif, Laurier bois 2009, l'architecte V.Rigassi tente d'adapter l'architecture passive au climat caniculaire de la commune de La Terrasse, dans les Alpes. Tour du chantier en images.

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Vue de la façade Sud du bloc de 4 logements

Implantation

Au départ, le maître d'ouvrage, la Société d'Habitation des Alpes, une des quatre filiales du groupe Pluralis, avait prévu un seul bloc de logement BBC.

Mais, dans un souci d'intégration au terrain et de manière à équilibrer le montage financier de l'opération, il a été décidé que le haut du terrain accueille un bloc de quatre logements, et que le bas du terrain soit affecté à deux parcelles qui seront mises en vente.

Au passage, plutôt que de devoir installer une chaudière collective et un réseau de chaleur entre les blocs de logements, indispensables à des BBC, l'équipe de maîtrise d'œuvre, le maître d'ouvrage et la commune se sont entendus pour réaliser des bâtiments passifs qui eux peuvent se contenter d'équipements de chauffage nettement moins lourds.

Aménagement

Grâce à un jeu sur les volumes, fait d'alignements et de retraits par rapport aux limites de la toiture, des vides sont libérés, afin d'installer au sud des terrasses, et des coursives de distribution au nord. Ces volumes permettent aux rayonnements solaires de pénétrer tout en limitant les rayons les plus verticaux, responsables de surchauffe estivale. Si Vincent Rigassi a fait ce choix architectural, c'est qu'il connaît le microclimat dont bénéficie la commune de La Terrasse. Les bâtiments étant situés sur le versant sud d'une vallée au pied du massif de la Chartreuse, les températures estivales y sont particulièrement élevées. Cette année, le thermomètre a déjà atteint les 35°C. C'est pourquoi les deux bâtiments, qui seront observés durant leur occupation, permettront de voir la réaction d'un bâtiment passif face à un climat méditerranéen.

Les logements sont traversants, selon un axe nord-sud. Au sud, on trouve la cuisine et le salon et, au nord, la salle de bain.

Structure et enveloppe

La façade est constituée de panneaux d'ossature bois, préfabriqués et remplis, en atelier, avec une première couche d'isolant de 20 cm de fibre de bois en panneaux souples. Une isolation par l'extérieur de 12cm et de forte densité, toujours en fibre de bois, est posée, sur site, afin d'augmenter la résistance thermique des murs extérieurs. Un bardage en mélèze vient recouvrir cette enveloppe.

Côté intérieur, l'étanchéité à l'air est assurée par un frein vapeur posé contre les montants des ossatures et recouvert d'un lattage permettant de passer les gaines entre le frein vapeur et le revêtement intérieur, sans risquer des défauts d'étanchéité à l'air.

Concernant les menuiseries, pour qu'elle ne pénalise pas les performances hivernales des façades, elles sont toutes en triple vitrage. Mais la saison estivale justifie tout autant ce choix. En effet, le facteur solaire d'un triple vitrage, proportion de l'énergie solaire qui entre à l'intérieur d'un bâtiment comparé avec l'énergie reçue à l'extérieur de la paroi vitrée, plus faible que celui qu'offre un double, participe à la limitation des surchauffes estivales que le microclimat d'été de la commune de la Terrasse est susceptible d'engendrer.

La couverture a aussi été pensée pour affronter la période caniculaire que connaît le versant de la vallée où se situent les constructions. Elle est réalisée en toiture froide, c'est-à-dire en tuiles sur plancher isolé par 40cm de fibres de bois de faible densité. Ce qui permet de bénéficier d'un volume faisant tampon thermique et assurant ainsi une régulation particulièrement intéressante pour le confort d'été. De plus, cette espace offre la possibilité d'une ventilation naturelle sous la toiture.

Pour assurer l'isolation acoustique, Vincent Rigassi s'est aussi tourné vers un matériau naturel. Il a choisi d'insérer de la laine de chanvre entre un plafond et un plancher en multiplis bois. Seul le dallage et les murs de soutènement en béton, et les poutres en métal pénalisent le bilan carbone et le cycle de vie des deux bâtiments.

Energie

Etant donné l'intelligente conception des bâtiments, le dispositif technique repose simplement sur une VMC double flux, une PAC et des panneaux solaires thermiques. La ventilation double flux (1,5kW/logement), type « tour compacte » avec échangeur de chaleur, est simplement complété par une pompe à chaleur faisant l'appoint pour le chauffe-eau à préchauffage solaire (4,8 m² de panneaux solaires par logement).

Au final, les consommations se repartissent comme suit :

- Chauffage : 10,7 kWh/m²/an

- ECS : 5,2 kWh/m²/an en énergie non renouv.

- Ventilation : 13,4 kWh/m²/an

Ainsi, le bilan énergétique respecte bien les critères du label Minergie-P qui exige d'être en dessous de 30 kWh/m2/an en énergie primaire pour l'ECS, le chauffage et la ventilation, et 15 kWh/m2 pour le chauffage.

Coût

Le coût de construction pour les 6 logements (4T4 + 2T3), soit 498 m² de SHON, représente 990 000 € TTC.

Le coût des travaux, hors VRD, s'élève à 1850 € HT /m² hab.

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Vue de la façade Sud-Est du bloc de 4 logements Vue de la façade Sud-Est du bloc de 4 logements

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Plan du bloc de 4 logements Plan du bloc de 4 logements

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Coupe du bloc de 4 logements Coupe du bloc de 4 logements

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Façades Sud Façades Sud

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Façades Nord Façades Nord
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