Christophe Béchu siffle la fin de la guerre des chiffres sur les besoins de logements neufs en France. Dans son discours d’ouverture du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) à Cannes du 14 au 17 mars, le ministre de la Transition écologique a fait le calcul : « 85% du parc immobilier français en 2050 existe déjà (…) Quand on construit l’équivalent de 1% du parc immobilier par an, c’est une bonne année. »
Autrement dit, le ministère dont dépend le logement estime que le rythme de production idéal se situe autour de 370 000 nouvelles unités par an. En effet, fin 2021, la France comptait 37,2 millions de logements ordinaires, dont 56% de logements individuels, selon le ministère de la Transition écologique. C’est donc moins que les prévisions très détaillées de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui estiment le besoin annuel à 449 298, mais plus que l’un des scénarios prospectifs de l’Ademe qui table sur près de 150 000 nouveaux logements par an d’ici à 2050 pour atteindre la neutralité carbone. L’on peut déclarer vainqueur un troisième prévisionniste, l’Institut Thomas More, qui avance le nombre de 395 000 nouvelles unités chaque année.
Construire pour faire face à la décohabitation
Après avoir listé les défis « en termes d’adaptation » au réchauffement climatique comme les sécheresses plus fréquentes, Christophe Béchu a rassuré les professionnels de l’immobilier qui se plaignent des autorisations en baisse. Pour l’ancien maire d’Angers, régulièrement bien placée dans les classements des villes les plus agréables de France, répondre à la crise climatique ne signifie pas « ne pas construire » comme pourrait le laisser entendre l’Ademe (organisme public placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique) mais « construire en ne grignotant pas d’espaces agricoles et en répondant au mal-logement, à la croissance démographique (NDLR : qui faiblit, à seulement +0,3% par an depuis 2020) ou encore à la décohabitation ». Ce phénomène, qui s’explique en partie par les divorces, pèse plus de 40% des besoins en nouveaux logements, selon la FPI.
Enfin, le ministre a pointé du doigt les élus locaux qui se vantent de refuser un PC « comme si c’était un acte de courage ». Et appelé les parties prenantes de la construction de la ville à « retrouver confiance » entre elles. Ambitieux.