Icade Promotion voit rouge. La filiale du groupe éponyme, lui-même filiale de la Caisse des dépôts, a vu ses mises en chantier de logements baisser de 50% par rapport à ses prévisions pour 2023, selon les résultats trimestriels d’Icade, mis en ligne le 23 octobre.
Ce mauvais chiffre s’explique entre autres par un renforcement des exigences en matière de pré-commercialisation auprès des particuliers. Depuis janvier, un programme résidentiel n’est lancé que s’il atteint un niveau moyen de 40%, contre 30% en 2022. Tous clients confondus, le niveau moyen observé s’élève à 60%. « Il s’agit d’une gestion prudente de nos mises en chantier qui prend en compte le nouvel environnement », explique le service communication du groupe.
Le marché a vu son volume de ventes chuter d’environ 30% au troisième trimestre, selon les dernières estimations de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). En cause : la rapide remontée des taux directeurs depuis mi-2022 qui désolvabilise les ménages et refroidit les investisseurs institutionnels.
Merci la vente en bloc
Comme le reste de la profession, Icade Promotion continue de vendre de moins en moins de logements. En volume, ce recul des ventes affiche 22%, à 2570 réservations. En valeur : 12%, à 744 M€. La décroissance des ventes au détail est compensée en partie par la vente en bloc, qui a représenté 46% du volume total des réservations, contre 35,3% il y a un an.
Contrairement à Nexity qui se tourne massivement vers les organismes HLM, Icade ne communique pas le poids des bailleurs sociaux parmi ses clients qui achètent en bloc. Les organismes HLM sont les plus actifs en ce moment sur le front des achats de logements neufs. En témoignent les 30 000 acquisitions visées par Action Logement et les 17 000 de CDC Habitat.
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Le tertiaire « en net repli »
En parallèle, l’activité tertiaire, largement minoritaire dans le chiffre d’affaires (CA) du septième promoteur national, est « en net repli », reconnaît Icade. Les ventes actées ont chuté de 70%.
Le CA économique issu de la promotion immobilière s’élève toutefois en hausse de 5,4%, à 844M€. « Néanmoins, la réduction des lancements d’opérations, l’augmentation des ventes en bloc et l’ajustement à la baisse des prix de vente devraient peser sur le niveau de marge en fin d’année », anticipe la filiale de la Caisse des Dépôts.
Des baux fermes moins longs
Du côté de sa foncière tertiaire, Icade déclare 272M€ de revenus locatifs, en hausse de 2,5% à périmètre constant, soit deux fois moins que l’inflation annuelle. Le groupe est engagé depuis deux ans dans une politique de cessions d’immeubles de bureaux, synonyme d’une « perte de loyers annuels d’environ 28M€ », calcule Icade.
Situés en Ile-de-France et dans les grandes métropoles, 12,5% de ses m² tertiaires sont vides. A titre de comparaison, le taux de vacance du marché francilien atteint 8,3%, selon Immostat. Enfin, un autre mauvais chiffre : la durée ferme moyenne des baux signés par Icade et ses locataires est passée en un an de 6,8 à 3,6 années.
Malgré la conjoncture, le groupe dit continuer à investir. Les 63M€ de « Capex d’exploitation » doivent ainsi générer « des travaux de maintenance et de rénovation du patrimoine, afin d’améliorer la qualité technique et environnementale des immeubles ». Autrement dit, de réduire les factures énergétiques et l’empreinte carbone des bâtiments.