Embellissement, surélévation, ravalement… Huit propriétaires sur dix envisagent des travaux de leur logement d’ici à 2026, selon la note prospective du marché immobilier dévoilée ce 18 janvier par le groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Epargne…).
Et les travaux de rénovation énergétique devraient monter en puissance : 39 % des 1 282 ménages interrogés comptent changer la classe énergétique de leur résidence principale, secondaire ou bien en location.
Effet MaPrimeRénov’
Cette envie de réduire les consommations énergétiques et/ou de continuer à louer un logement considéré comme énergivore dépend de l’âge et de la situation professionnelle.
Près de la moitié des moins de 35 ans pensent financer des opérations de rénovation énergétique de leur logement ces cinq prochaines années, contre un tiers des plus de 55 ans. On trouve à peu près le même ratio entre d’un côté, les CSP+, et de l’autre, les retraités et les inactifs.
« Ces intentions de travaux de rénovation relativement fortes concernent principalement des propriétaires occupants », souligne Alain Tourdjman, directeur des études économiques du groupe BPCE.
Ce dernier n’y voit pas encore l’effet de la loi Climat et Résilience. Promulgué cet été, ce texte prévoit une interdiction de louer des biens étiquetés G en 2025, F en 2028 et E en 2034.
Si les mises en ventes de ces logements énergivores ont explosé ces derniers mois selon la Fnaim, ce sont plutôt les aides publiques, notamment via le dispositif MaPrimeRénov’ refondé en 2020 et renforcé en 2021, qui stimulent la demande. « Il y a convergence entre des aides dont on a réussi à donner beaucoup de visibilité, l’évolution de la règlementation et une aspiration très forte des ménages », observe-t-il.
« L’impact social » du DPE
En attendant les premières données du nouveau DPE « plus pénalisant », Alain Tourdjman sent l’odeur de poudre d’une bombe à retardement. « Le DPE, qui s’est imposé comme un indicateur déterminant pour les 5 millions de passoires énergétiques, a un impact social sur les catégories modestes qui vivent dans de l’individuel », alerte-t-il.
Sont concernés « en particulier les ménages âgés, dans des zones, plutôt rurales, qui perdent de la population et des emplois ». « Le DPE joue davantage sur la diagonale du vide, dans des zones pour lesquelles la pression de la demande est faible », souligne-t-il. Le DPE aiderait donc à faire émerger la fameuse valeur verte des logements dans ces zones.
Alors que les travaux globaux de rénovation énergétique se concentrent sur l’individuel, Alain Tourdjman pointe du doigt un frein notable : « la propension des copropriétés à financer des travaux et à se mettre d’accord sur de grands objectifs, surtout quand ils entraînent des coûts importants ».
Ainsi, il semble « un peu illusoire » de croire que la rénovation de millions de logements collectifs énergivores en biens non menacés par une interdiction d’être loués soit réalisable. La solution ? « Peut-être repousser les dates butoirs » d’interdiction de mise en location des passoires énergétiques, suggère-t-il.
Hausse des taux à venir
Quid d’une éventuelle décote des prix de vente de ces logements, que Century 21 n’a toujours pas observée ? « La pression de la demande limite pour l’instant l’impact du DPE sur les prix, bien que l’individuel commence à être touché. Mais quand la pression de la demande sera moindre, les écarts de prix deviendront plus manifestes », annonce-t-il. Et d’ajouter : « La sélectivité est plus sensible dans une phase de retournement de la demande. »
Ce basculement, en lien avec la hausse des taux de crédits immobiliers « que l’on peut acter » en raison de l’inflation, pourrait intervenir en 2022. Mais les conséquences ne se ressentiraient qu’en 2023.