« Mon objectif, ce n’est pas de sortir des logements du marché mais que la totalité des passoires thermiques soient rénovées », a assuré Emmanuelle Wargon, devant plusieurs centaines de collaborateurs et adhérents de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), à l’occasion de son Congrès annuel organisé les 29 et 30 novembre à Paris. Objectif atteignable dans « la décennie qui vient », selon la ministre du Logement.
Applaudie plusieurs fois, Emmanuelle Wargon s'est toutefois engagée : « Le gouvernement actuel - et nous verrons le suivant - sera vigilant sur la soutenabilité du calendrier » d'interdiction de mise en location des logements énergivores, point d'achoppement entre la Fnaim et le ministère.
Pour rappel, il sera interdit de louer, à compter de 2025, les biens de classe G, à partir de 2028 de classe F et de 2034 de classe E, comme le prévoit la loi Climat et Résilience promulguée cet été.
Risque « Gilets verts »
Quelques minutes auparavant, au pupitre, le président de la fédération Jean-Marc Torrollion lui avait rappelé « les dérives des nouveaux DPE » : « En traversant nos villes moyennes et villages, je ne peux pas croire que l’obsolescence ait été quantifiée à sa juste proportion. Attention au réveil des Français sur cette question », avait-il averti.
En attendant l’éventuelle naissance des « Gilets verts », Jean-Marc Torrollion considère que la ministre « n'a pas répondu aux vrais enjeux » de l'éradication des passoires thermiques. « Pas de promesse particulière » pour lever les derniers freins de la montée en puissance des travaux globaux de rénovation énergétique des logements mais au moins « une prise de conscience d'un calendrier qui pourra être revu », résume-t-il.
« Calendrier théorique » versus « la capacité pour les Français de rénover »
« La ministre comprend bien qu'entre un calendrier théorique, législatif et la capacité pour les Français de rénover, il y a un écart important, a-t-il déclaré au "Moniteur". Le téléscopage entre une élection présidentielle qui hypothèque la capacité à se projeter au-delà de cinq mois et un calendrier qui enjambe largement cette échéance nous obligent déjà à prendre des positions. »
Celle de la Fnaim : faciliter les actes globaux de rénovation, qui tardent à décoller. A condition de trouver la main d'oeuvre qualifiée et surtout de trouver réponses à ses questions dans la jungle des aides. Pas de panique, promet Emmanuelle Wargon : « la simplification » est en marche. En témoigne par exemple la mise en place des guichets France Rénov' au service des particuliers en quête de conseils.