Joli score pour l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) «Engagés pour la qualité du logement de demain». Cette invitation à innover dans l’habitat neuf ou existant, que les ministres de la Culture, Roselyne Bachelot-Narquin, et du Logement, Emmanuelle Wargon, avaient lancé à l’automne dernier depuis la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, a séduit 201 candidats. Et ce jeudi 3 mars, leurs projets vont être passés au crible par la Commission nationale de sélection spécialement constituée.
Conduit par Stéphanie Dupuy-Lyon, la directrice générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) et Aurélie Cousi, directrice, adjointe au directeur général des patrimoines, chargée de l’architecture au ministère de la Culture, ce jury réunira des architectes, dont Christian de Portzamparc et Stephen Barrett, associé de l’agence britannique RSHP, des maîtres d’ouvrage comme la présidente de l’Union sociale pour l’habitat, Emmanuelle Cosse, mais aussi des représentants de groupes d’habitants. Sans oublier François Leclercq, architecte, et Laurent Girometti, le directeur général d’Epamarne-Epafrance, incontournables depuis qu’ils ont produit l’an dernier un référentiel sur la qualité du logement.
Tous ensemble, ils devront départager des projets appelés à se concrétiser dans les années à venir et portés par des équipes réunissant une collectivité, un maître d’ouvrage et un architecte ou comme, le règlement les y autorisait, uniquement un maître d’ouvrage et une collectivité. Ils sont ainsi 52 candidats à avoir décidé de choisir leur concepteur dans un second temps.
Côté origine géographique, cet AMI qui avait été imaginé sur la base du rapport sur le logement dirigé par l’ancien préfet Pierre-René Lemas, est parvenu à attirer des territoires divers. Pilote de l’opération, Jean-Baptiste Marie, le directeur général du groupement d’intérêt public L’Europe des projets architecturaux et urbains (l’Epau) note que «si les grandes métropoles ont fait acte de candidature, les territoires ruraux sont également très présents. On dénombre beaucoup de petites et moyennes villes dans les dossiers. Par ailleurs, nous avons reçu quatre candidatures ultramarines.»
Trois-quarts de projets neufs
Plus décevante est en revanche la répartition entre les projets de réhabilitation et de construction neuve. A l’heure où les appels à rénover ou à faire muter l’existant se font toujours plus pressants, au nom du développement durable, trois-quarts des dossiers portent sur des projets de nouveaux bâtiments.
Jean-Baptiste Marie relève cependant que les porteurs de projets candidats ont exprimé «des objectifs environnementaux forts, portant sur des logements décarbonés ou encore capables de s’adapter au changement climatique. Nous avons aussi constaté des ambitions en matière d’inventivité technique, sur de nouvelles formes structurelles par exemple.» De ce point de vue, l’AMI qui vise à amener les acteurs du logement «à renouveler leurs méthodes et leurs pratiques» aurait donc atteint son but.
La Commission de sélection a pour mission d’établir une liste de 100 lauréats qui «seront marqués du sceau de l’excellence» de l’AMI, explique Jean-Baptiste Marie. Et parmi ces 100 projets, 20 obtiendront un coup de pouce supplémentaire, en intégrant un incubateur. Le 10 mars, Roselyne Bachelot-Narquin et Emmanuelle Wargon seront donc de retour à la Cité de l’architecture, cette fois pour dévoiler la liste des opérations retenues.