Les plaquistes jouent la haute technicité

Les professionnels de l'Union des métiers du plâtre et de l'isolation, (UMPI/FFB) s'attellent à deux défis de taille : la performance énergétique et le recyclage des déchets. L'organisation des chantiers pourrait s'en trouver profondément revue.

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© Levpano

Les orientations réglementaires, notamment celles issues du Grenelle de l'environnement en faveur de l'enveloppe du bâtiment, renforcent la nécessité d'une isolation sans faille. Les professionnels du plâtre et de l'isolation (qui viennent de clôturer leur congrès à Paris les 8 et 9 octobre) sont donc directement concernés, notamment pour structurer une « offre globale ». Pourtant, excepté quelques pionniers, l'intérêt pour cette nouvelle offre a tardé à se manifester. « Ce n'est pas lorsque les carnets de commandes débordent que l'on est le plus enclin à changer ses habitudes, décrypte Philippe Caillol, président de l'Umpi. Mais la crise est passée par là et aujourd'hui, les discours passent mieux, la capacité d'écoute est renforcée. » L'offre globale n'oblige pas à intégrer tous les savoir-faire. « Le B-A BA est de travailler et de proposer une offre en partenariat avec les autres corps d'état. Ce que font déjà naturellement les entreprises. »

Gestion au millimètre

Après des mois de sensibilisation, les choses sérieuses commencent. « La pratique va se mettre en place, se concrétiser, estime Philippe Caillol. Pour les entreprises, c'est aussi un nouvel argumentaire de vente à développer. Il faut vendre une prestation complète qui va au-delà de l'isolation, savoir expliquer et conseiller le client sur les crédits d'impôts dont il va pouvoir bénéficier... » Sur le chantier, les plaquistes devront se faire chasseurs de ponts thermiques. « Il faut passer d'une gestion au centimètre à une gestion au millimètre. » « Cela suppose d'intégrer les contraintes des autres corps d'état et de traiter attentivement tous les points de détails », assure Jérôme Figuière, ingénieur travaux chez Bourguignon-Le Sourne (groupe ABS). « J'encourage les entreprises à développer un vrai autocontrôle sur chantier, insiste Philippe Caillol. Si nous ne le faisons pas, d'autres le feront pour nous. » C'est un travail de longue haleine qui démarre. Les chemins comportementaux sont cahoteux. On touche aux réflexes, aux habitudes des poseurs... En quelque sorte, il s'agira de généraliser les méthodes de pose utilisées pour les cloisons très techniques (acoustique, incendie...).

Vers un recyclage compétitif

Les professionnels devront repenser l'organisation de leurs chantiers : la décomposition en tâches unitaires simples pour augmenter la productivité n'est plus la mieux adaptée. Pour être efficace, la chasse aux ponts thermiques nécessitera de la polyvalence.

Autre sujet d'importance pour les plaquistes : le recyclage des déchets. « Aujourd'hui, les déchets de plâtre se retrouvent majoritairement, en mélange, dans les installations de stockage des déchets non dangereux », constate Jean-Yves Burgy, gérant de l'entreprise Recovering. Pour ce spécialiste du développement de filières de valorisation des matériaux, le recyclage des déchets de plâtre doit avant tout prouver sa pertinence économique. « C'est possible lorsque les prix d'enfouissement sont élevés. » Avec Placoplatre, Jean-Yves Burgy a développé une filière complète de recyclage en Rhône-Alpes qui, cette année, traitera 12 000 tonnes de déchets, soit 20 % du gisement de la région. La démarche va maintenant être généralisée à l'ensemble du territoire national.

Chez Veolia Propreté, qui présentera son offre de gestion des déchets du BTP au prochain salon Batimat (du 2 au 7 novembre à Paris), le plâtre est un sujet très particulier. « Pour pouvoir être recyclés, les déchets de plâtre doivent contenir moins de 5 % d'impuretés, explique Sébastien Roussel, responsable marketing entreprises. Sur un chantier, il suffit que quelques déchets de bois aient été déposés par erreur dans la benne réservée au plâtre et c'est toute cette benne qui peut être refusée. Nous travaillons avec les grands fournisseurs pour organiser la collecte. »

Découpes sur mesure

Reste que les meilleurs déchets sont ceux que l'on ne génère pas. « Pour limiter les découpes sur chantier, et par conséquent les déchets, nous souhaitons pouvoir disposer de plaques taillées à hauteur d'étage, demande Philippe Caillol. Si les prix restent raisonnables, toute la filière y gagne. » « Fabriquer des plaques sur mesure n'est envisageable que pour des volumes importants, précise Jean-Yves Burgy. Ne serait-ce que parce que chaque changement de régime produit intrinsèquement des déchets. » Pour des volumes plus faibles, quelques acteurs proposent la découpe sur mesure à partir de plaques de dimensions standard. Une solution qui pourrait rapidement trouver sa place dans la filière...

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