Fer de relance du gouvernement, les rénovations énergétiques doivent bénéficier d'une enveloppe de 7 milliards d'euros. Si les premières études ont déjà permis d'identifier des points de vigilance comme le développement de moisissures ou de fortes concentrations de radon après les travaux, les données sur l'efficacité globale des rénovations font toujours défaut. Un manque qu'entend combler le programme de recherche « Qualité sanitaire et énergétique des rénovations », mené par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) avec ses partenaires (1) dans le cadre du programme Profeel.

« Triptyque énergie, santé et confort ». « Ce projet a pour ambition de collecter des données dans les bâtiments avant et après travaux afin d'évaluer la performance globale des rénovations énergétiques, à l'aune du triptyque énergie, santé et confort », décrit Corinne Mandin, coordinatrice opérationnelle de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) et cheffe de division au CSTB. Il doit déboucher sur une méthode d'évaluation simplifiée. S'étalant sur trois ans, il devrait s'achever à la fin de l'année 2021. D'ici là, une centaine de bâtiments seront examinés dans toute la France : environ un tiers d'écoles, un tiers de bureaux et un tiers de logements collectifs ou individuels. A ce jour, 38 d'entre eux sont déjà instrumentés.

Les chercheurs passent au crible les données relatives à la réduction des consommations énergétiques, mais aussi à la qualité de l'air intérieur et au confort acoustique, thermique et lumineux. Ils réalisent d'abord une première campagne de mesures d'une semaine. Par exemple, dans une école, les capteurs sont installés dans plusieurs salles de classe. Parmi eux, des pompes permettent de collecter les particules fines sur un filtre en téflon ou en quartz, lequel est ensuite pesé en laboratoire, sa masse indiquant leur concentration dans l'air intérieur. De même, des tubes passifs adsorbent (fixent par rétention) les composés gazeux.
Ecoles, bureaux, logements… une centaine de bâtiments seront examinés dans toute la France
Dans les zones concernées par le radon, un dosimètre est installé pendant deux mois. Des capteurs d'humidité et de dioxyde de carbone sont également prévus, tout comme des dispositifs de mesure du niveau sonore et des thermomètres. La qualité de l'ambiance intérieure est, quant à elle, évaluée par les occupants grâce à des questionnaires. « Au terme des sept jours, les appareils sont récupérés et les données analysées. La même campagne sera menée après les travaux de rénovation », indique Corinne Mandin.

« Capteurs plus petits et faciles à utiliser ». L'autre enjeu du programme de recherche concerne les appareils de mesure proprement dits. Volumineux et contraignants, ils imposent de surcroît des analyses en laboratoire parfois coûteuses. « Notre objectif est de simplifier la méthode d'évaluation grâce à l'utilisation de capteurs qui se développent actuellement sur le marché, plus petits et plus faciles à utiliser, explique Corinne Mandin. S'ils sont moins précis, ils sont aussi moins chers et livrent des informations en temps réel et en continu. » Les différents résultats seront ensuite confrontés aux mesures obtenues avec des technologies plus matures. Pour l'heure, la collecte massive de données se poursuit et les partenaires sont encore à la recherche de constructions à auditer. Les premiers résultats sont attendus début 2021.