Pelouses synthétiques, combustible pour cimenteries, murs anti-bruit ou pare-avalanche: depuis 4 ans, la société Aliapur s'occupe de trouver des filières pour différentes réutilisations possibles des pneus en fin de vie.
Depuis la publication d'un décret fin décembre 2002, la loi française impose aux fabricants de pneus la prise en compte de leurs produits en fin de vie.
Sept grands manufacturiers (Bridgestone, Continental, Dunlop, Goodyear, Kléber, Michelin et Pirelli) ont donc investi dans Aliapur, une société à but non-lucratif basée à Lyon, pour qu'elle organise la filière allant de la collecte à la valorisation de ces déchets aux qualités parfois insoupçonnées.
Ainsi, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'épaisse fumée noire qui s'en dégage lorsqu'il brûle, un pneu constitue un combustible assez peu polluant.
Un tiers des 300.000 tonnes de pneus collectés en 2006 ont été broyés grossièrement et livrés à des cimenteries, notamment au Maroc, pour servir de combustible en remplacement du coke de pétrole, un déchet de raffinerie au pouvoir calorifère équivalent mais chargé de souffre et donc plus polluant.
"Le principal polluant dans le pneu, c'est le carbone, mais des filtres très simples peuvent le capter", explique Eric Fabiew, directeur général et fondateur d'Aliapur.
"De plus, le pneu contient 20% de latex, et dans le cadre du protocole de Kyoto, le fait d'utiliser de la biomasse comme combustible permet d'engranger des crédits d'émission de CO2, ce qui est une bonne affaire pour les cimentiers", poursuit-il.
La principale filiale de recyclage, avec 43% des pneus collectés, reste cependant la fabrication de revêtements par broyage fin, qui permet d'obtenir des granulats pour les pistes d'athlétisme, les pelouses artificielles ou des sols amortissants pour les aires de jeux d'enfants.
Par ailleurs, 16% des pneus sont rechapés et revendus d'occasion, principalement dans des pays en développement ou en Europe de l'est, et 10% partent sur des chantiers de BTP, pour combler des bassins de rétention, constituer des murs anti-avalanches, des tapis ferroviaires ou réhabiliter des carrières.
"Le pneu est une cellule fermée, il n'a donc aucun impact écologique sur la terre qui le recouvre ou sur l'eau dans laquelle il est plongé", précise M. Fabiew.
Depuis l'entrée en activité début 2004 d'Aliapur, le prix du recyclage d'un pneu a baissé de près de 20%, passant de 2,20 euros pour un pneu de voiture à 1,75 euro. Aliapur espère arriver à un coût de revient compris entre 1,50 et 1,60 euro par pneu d'ici 2010.
Frédéric Happe (AFP)