Bien que les carnets de commandes soient remplis pour les six prochains mois, c’est un président de la Fédération française du bâtiment (FFB) inquiet qui a animé le point conjoncturel du secteur, ce mardi 19 mars 2019, au siège de la fédération. « Nous avons de grosses inquiétudes sur le logement neuf », commence Jacques Chanut. Le niveau des permis de construire et les mises en chantier, en recul en 2018, ne présage, de fait, rien de bon pour les mois à venir.
« Nous connaissons les causes, elles sont liées à la suppression de l’APL accession, la fin du Pinel dans les zones B2 et C, la dégradation du prêt à taux zéro (PTZ) la mise en place de la réduction de loyer de solidarité (RLS) pour les HLM, et la hausse de la TVA pour les logements sociaux neufs (qui est passée à 10% en 2018 contre 5,5% précédemment, NDLR) qui a pénalisé un certain nombre de Vefa. »
« Silence radio » sur le CITE
Jacques Chanut milite pour que le gouvernement « prenne des décisions » pour que le Bâtiment ne soit plus dans « l’incertitude. Nous avons besoin que des décisions soient prises, et de savoir comment le monde HLM sera accompagné dans la mise en place de la RLS. »
Même positionnement pour le crédit d’impôt transition énergétique (CITE). « Depuis trois mois, c’est silence radio. Les rumeurs vont bon train, nous avons besoin d’arbitrages. » Surtout que l’activité liée aux travaux d’amélioration-entretien – « qui représente 56% de l’activité du bâtiment », selon le président de la FFB – a reculé de 1,8% au dernier trimestre 2018 sur un an.
Autre source d’inquiétude : la situation financière des entreprises. « En 2018, les marges se sont dégradées à cause de la hausse du coût des matériaux. Résultat, la profitabilité moyenne des entreprises du bâtiment était de l’ordre de 1,2 à 1,3%, indique Jacques Chanut. C’est très serré ! D’autant que ce début d’année 2019 est marqué par une nouvelle hausse des coûts. Le prix du béton prêt à l’emploi progresse de 2%, l’acier, les tubes et tuyaux de 3%. »
Problème : « nous ne sommes pas en capacité de répercuter ces hausses, et nous observons une dégradation de la rentabilité des entreprises, dans un contexte où nous rencontrons de réelles difficultés à trouver une main d’œuvre qualifiée, poursuit le président de la FFB. Cela pose des problèmes de compétitivité entre les sociétés, et de rentabilité. »
Tous ces éléments d’inquiétudes conduisent la fédération à maintenir ses prévisions d’activité pour 2019, : elle table sur un recul de 0,5% par rapport à 2018.