Les isolants biosourcés s'imposent dans le paysage industriel

Anticipant les impacts de la RE 2020, les industriels diversifient leur offre et augmentent leurs capacités de production. Pour les négoces, le développement des isolants biosourcés nécessite un accompagnement de la clientèle et des moyens logistiques supplémentaires.

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Isocoton
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Sur un marché de l'isolation déjà dynamique, les produits biosourcés ont connu ces dernières années une croissance annuelle soutenue, comprise entre 15 et 20 %. Leur part de marché reste limitée : de 5 à 10 % en valeur, selon les distributeurs. Mais cette famille de produits se révèle stratégique pour faire face aux exigences de la nouvelle réglementation environnementale du bâtiment (RE 2020) et, à plus long terme, à l'obligation d'intégrer 25 % de matériaux biosourcés ou bas carbone dans les marchés publics (loi Climat et Résilience).

Particuliers prescripteurs

« Le développement des isolants biosourcés s'est d'abord fait grâce à la demande des particuliers prescripteurs, puis des collectivités. Depuis un an, les artisans sont plus souvent sollicités par les maîtres d'ouvrage dans les CCTP pour intégrer ces matériaux, ce qui implique de développer une offre complète pour les accompagner », constate Laurence Genevois, directrice marketing de Sfic. « Avec l'arrivée de projets conçus selon la RE 2020, nous anticipons une évolution du panier client dès la mi-2022. Les biosourcés représentent 8 % de notre CA isolation. L'ambition est de doubler leur part dans les trois ans », précise Valérie Gagliardi, directrice générale de Litt. Une ambition en ligne avec la progression attendue du marché. Cette croissance du secteur des isolants biosourcés ne se fait pas sans heurts. En 2021, la plupart des fournisseurs ont connu des ruptures d'approvisionnement dues à la crise sanitaire et à ce qu'Hervé Pottier, directeur général de Cavac Biomatériaux, analyse comme des emballements de certains marchés locaux, où l'offre n'arrivait pas à suivre la demande. « L'augmentation des moyens de production n'en reste pas moins une priorité. Nous allons tripler nos capacités à l'horizon 2024, avec une croissance du marché attendue entre 20 et 25 % », poursuit le dirigeant.

Réduire le risque de pénuries

D'autres industriels suivent cette tendance, à l'instar de Soprema qui investit 110 M€ pour agrandir ses usines Pavatex, ou du groupe Steico. « Nous élargissons nos capacités en France pour faire face à la demande. Une deuxième ligne de production de panneaux semi-rigides SteicoFlex a été mise en service en début d'année dans notre usine de Casteljaloux. De plus, une nouvelle ligne d'isolants LDF (rigides issus du processus sec) va bientôt l'être dans la même usine », indique Sophie Genet, responsable du marketing de Steico.

L'augmentation des capacités de production en France doit permettre de réduire les délais de livraison et le poids du transport. Certains négoces font ainsi évoluer leur politique d'approvisionnement. « Élargir le vivier de fournisseurs permet de réduire le risque de pénuries, tout en restant dans la logique bas carbone des bio-sourcés. Dans chaque région, nous privilégions les industriels de proximité, en particulier sur la fibre de bois », pointe Laurence Genevois de Sfic.

Formation

La réponse aux pénuries peut également être logistique. Chez Litt, la création fin 2021 d'une nouvelle plate-forme de distribution nationale vise notamment à accroître les surfaces de stockage des isolants biosourcés, plus volumineux que les conventionnels parce que non compactables. Il faut composer avec une offre en plein boom. Ces derniers mois, plusieurs lancements ont accru le nombre de références à intégrer dans les plans de vente, sur les isolants à base de coton notamment. Autant de nouveaux produits qu'il faut ensuite faire découvrir à la clientèle professionnelle. « La réussite des isolants alternatifs passe par l'engagement du négoce. Nous réalisons aujourd'hui 30 % de nos ventes sur la fibre de bois parce que nous avons formé nos clients, et parce que nous leur assurons de disposer des bons produits en stock », résume Félix Chambost de Chambost Matériaux. Dans la même logique, Point.P a organisé en 2021 un roadshow sur les produits biosourcés qui a touché 1 500 clients.

Comme tous les industriels, les fabricants d'isolants bio-sourcés regardent avec inquiétude la montée des coûts et ses impacts sur les marchés du bâtiment. Ces évolutions pourraient aboutir à de nouveaux équilibres. « Nous avons enregistré des hausses, en particulier sur les frais annexes : transport, plastique, énergie… Mais globalement, cette inflation nous touche moins que les isolants conventionnels, ce qui réduit l'écart de prix avec nos produits », pointe Hervé Pottier de Cavac Biomatériaux. La montée en puissance des outils industriels pourrait encore diminuer les surcoûts, généralement évalués à 15 %, constatés sur les biosourcés.

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