Entre 1994 et aujourd'hui, l'activité de construction n'a pas cessé de se dégrader. Les 302 000 logements mis en chantier en 1994 constituaient un niveau propre à soutenir les marchés des fabricants. Avec 274 000 mises en chantier l'an dernier, soit une baisse de 4,2 % par rapport à 1995, les fabricants de matériaux peinent, les marchés sont entrés dans une spirale concurrentielle assassine, les prix sont partout orientés à la baisse. Et les perspectives de la construction pour 1997 ne sont guère meilleures. La FNB envisage pour l'année en cours un nouveau recul de 2 % de l'activité du bâtiment. Des espoirs de reprise existent pour 1998. Qu'en sera-t-il exactement ?
Cette tendance de fond résulte d'une régression importante du logement collectif et d'une progression régulière de la maison individuelle. La nuance a son importance : les marchés des fabricants de matériaux de construction individuelle tels que les tuiles ont mieux résisté. Parmi les fabricants de produits en béton, les spécialistes des petits éléments s'en tirent mieux que les autres...
La construction non résidentielle avait progressé en 1995 par rapport à 1994, avant de chuter à nouveau l'an dernier, les surfaces de bâtiment reculant de 1,3 %. Seuls les bâtiments agricoles et industriels ont enregistré une amélioration, qui n'a pas réussi à compenser la baisse des autres secteurs tels que les bureaux, les bâtiments de stockage, de commerce, d'enseignement, de santé, de culture et de loisirs, etc.
Dans ces conditions, les marchés des matériaux de gros oeuvre et d'enveloppe restent en général mal orientés. Et l'offre est surabondante par rapport aux niveaux actuels de ces marchés. D'autant que les travaux publics, eux-mêmes en situation de repli, ne sont pas d'un grand réconfort. Les matériaux de carrières, le ciment, les granulats, le béton prêt à l'emploi, la pierre ont tous ressenti sévèrement, l'an dernier, le repli de la construction. Mais c'est également vrai pour la plupart des matériaux utilisés dans le gros oeuvre, c'est-à-dire dans la construction neuve : l'acier, les produits en béton, les charpentes en bois, les membranes d'étanchéité, les bardages... Quelques marchés restent mieux orientés en volume. Mais, souvent, cette situation s'accompagne d'une concurrence exacerbée entre les protagonistes, et de prix très tirés. Le marché des fenêtres, celui de l'isolation thermique par laine minérale et celui de la terre cuite n'ont pas si mal évolué ces trois dernières années. Mais il faut dire que ces produits intéressent aussi le secteur de la rénovation, et qu'ils touchent, pour une large part, le maître d'ouvrage le plus répandu en France : le particulier.
Le paysage industriel a fortement évolué ces dernières années, la baisse de la consommation, l'ouverture des marchés européens, la bagarre des prix de vente contraignent les fabricants à plus de performance. Il faut convaincre et tenter de placer le débat ailleurs que sur les prix. C'est par exemple, la qualité des produits, le service, la formation, l'assistance sur chantier, etc. Le fabricant est un partenaire essentiel de la construction, il est comme l'entreprise, en relation avec les grands maîtres d'ouvrage, les architectes, les maîtres d'oeuvre mais aussi avec les négociants et de plus en plus avec le particulier qui, quand il ne réalise pas lui-même les travaux, est un prescripteur bien informé et de plus en plus avisé. Ces politiques réclament des moyens financiers et humains dans un contexte difficile : il est donc logique d'assister à une certaine concentration de l'industrie.
GRAPHIQUE : Evolution des mises en chantier et de l'activité
LES TRAVAUX DE GROS OEUVRE SUBISSENT LA CHUTE DES MISES EN CHANTIER