« Les copropriétaires se réveillent pour changer les chaufferies », Olivier Safar (Unis)

Olivier Safar, président de la commission copropriété de l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), s’attend à une accélération des rénovations des immeubles des années 70 et 80 chauffés au gaz.

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Un immeuble résidentiel faisant l’objet d’une rénovation énergétique.

Entre la hausse des prix des énergies de l’hiver dernier et la guerre en Ukraine qui amplifie depuis février dernier la cherté des matériaux sur fond de pénurie, le montant de la facture finale d’une rénovation énergétique en copropriété a-t-il augmenté ?

Pour l’instant, nous ne le voyons pas. Néanmoins, beaucoup d’entreprises de rénovation nous demandent d’accepter des tarifs en hausse de 5 à 10%. Si le budget voté par la copropriété prévoit 5% d’imprévus, c’est possible. Si ce n’est pas le cas, cette augmentation est difficilement absorbable. Les assemblées générales ont commencé il y a deux mois. La première crainte concerne la cherté du gaz, malgré le bouclier tarifaire qui court jusqu’au 30 juin prochain. Nous devons tout de même réajuster le budget annuel, par exemple de 100 000 à 130 000€. Faute de trésorerie, il arrive que le gardien ne soit pas payé.

Quelles conséquences sur les travaux à venir ?

Les copropriétaires se réveillent pour changer les chaufferies, alors qu’ils ne voulaient pas en entendre parler l’an dernier. Il faut s’attendre à une accélération sur les très gros travaux de copropriétés des années 70 et 80, qui ont besoin d’une modification des fenêtres, d’une réfection de la toiture et d’un changement de chaudière, synonyme de 15 à 20% d’économies.

Les copropriétés sont encore au stade de la réflexion ?

Exact. Ces travaux à l’étude aujourd’hui seront votés en 2023 ou 2024 et commenceront en 2024 ou 2025.

Ces travaux ne seront pas tous terminés en 2025, quand les logements étiquetés G seront interdits à la location…

C’est pourquoi nous demandons le report du calendrier de la loi Climat et Résilience (qui prévoit également d’interdire la mise en location des logements F en 2028 et des E en 2034, NDLR). Des copropriétaires ont été pris de court par la règlementation mais aussi par la modification du calcul des DPE… Ils réalisent qu’ils vont devoir réaliser des travaux. Changer les fenêtres, c’est possible mais le gain énergétique est minime. Pour sortir de la case passoire, il faut en outre toucher au chauffage collectif et à la façade. Or, ces travaux relèvent des assemblées générales. Nous avions envisagé un plan B : favoriser l’isolation par l’intérieur. Mais la perte de m² générée par les 20 à 30 cm par mur nous a refroidis.

La montée en puissance des travaux globaux est-elle menacée par cette tendance haussière du coût des rénovations ?

Oui. Quand les copropriétaires se rendront compte que l’estimation de 2020 a augmenté de 10 ou 20%, ce sera un choc. La solution ? Réaliser les travaux en douceur, pour que les entreprises du bâtiment puissent suivre le rythme, et mieux organiser le financement, car il faut en moyenne six mois pour monter les dossiers, notamment auprès des banques qui tardent à digitaliser les procédures. Chaque copropriété doit toujours indiquer à la main la quote-part, la durée de crédit souhaité, envoyer une photocopie recto-verso de sa carte d’identité…

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