Les entreprises réalisant les diagnostics de performance énergétique (DPE) des logements vont voir leur chiffre d’affaires (CA) croître de 5 % par an d’ici 2023, selon Xerfi.
L’institut privé d’études sectorielles, qui vient de mettre en ligne une enquête sur le diagnostiqueur immobilier, a analysé les comptes de 150 TPE-PME du secteur générant autour d’un million de CA, faute d’avoir récolté ceux de plus petits acteurs.
Comment en arriver à cette prévision ? En observant les deux moteurs qui font carburer la profession : le marché immobilier et la réglementation.
Changements de propriétaires et de locataires
D’une durée de vie limitée, en moyenne de trois à dix ans, les DPE sont « très souvent refaits dans le cadre de nouvelles transactions », relève Vincent Desruelles, directeur des études immobilières de Xerfi.
Si « le volume de transactions dans l’ancien devrait baisser l’an prochain de 2 % par rapport à 2021 », il va « rester élevé », explique-t-il. Le niveau des transactions serait ainsi légèrement en dessous des 1,2 millions d’actes signés chez les notaires lors des douze derniers mois. Un record.
Aux changements de propriétaires de logements s’ajoute la mobilité locative, qui s’annonce également dynamique. « Le taux de rotation va rester élevé dans le parc ancien privé, avec 3,6 % en 2021 et 3,5 % en 2022, contre 3,2% en 2020. Il était inférieur à 3% au début des années 2010 », souligne l’expert.
« Fournisseurs de données déterminantes »
Pour ce qui est de la législation, « la réforme des DPE, entrée en vigueur cet été, donne une influence plus forte aux diagnostiqueurs, considérés comme des fournisseurs de données déterminantes, au service de l’habitat décent », avance-t-il.
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Sans oublier la loi Climat et Résilience, promulguée en août dernier. Le texte prévoit que la note obtenue conditionne l’accès au marché locatif. Dès 2023, 1,7 million de logements classés F et G ne pourront plus faire l’objet d’une hausse de loyer lors d’un renouvellement de bail ou d’une nouvelle location. Puis une interdiction de location s’appliquera pour les biens classés G à partir du 1er janvier 2025, soit dans trois ans. Quasiment demain…
Conclusion : « Avec les nouveaux DPE, une très grosse majorité de diagnostics vont être refaits dans les prochaines années », anticipe-t-il.
De plus en plus de franchisés
Dans ce contexte favorable, un facteur de tension est à surveiller : le panier moyen, qui s’est stabilisé en 2021 après une décennie de tendance baissière. En cause, « la concurrence plus forte, surtout dans les zones tendues », observe Vincent Desruelles.
Exemple dans la région lyonnaise : une intervention incluant un DPE et un mesurage Carrez, accompagnés de différents contrôles (amiante, plomb et termite), coûte autour de 260 €, soit 100 € de moins qu’il y a dix ans, selon Xerfi.
Cet « enjeu tarifaire » devrait se traduire par une consolidation du secteur sur fond de montée en expertise car « la prestation devient plus technique, demande plus de temps », annonce Vincent Desruelles.
Actuellement, les diagnostiqueurs solitaires composent l’essentiel du tissu économique. Ces artisans isolés ne vont pas disparaître mais la constitution de PME voire ETI spécialisées sont à prévoir.
En témoigne « l’offensive des grandes enseignes Arliane et Defim, qui misent sur la franchise », poursuit-il. Les indépendants ont à y gagner, selon lui, car ils pourront bénéficier de l’appui d’un réseau muni d’un service juridique. « Les DPE deviennent opposables juridiquement. Les recours juridiques vont donc augmenter », prédit-il.
A la clé, des créations d’emplois, que Xerfi peine à estimer. « Les besoins importants de main d’œuvre nécessitent de mettre en place du sourcing, de la formation et de l’accompagnement dans les changements de carrière. Le diagnostiqueur reste un métier de reconversion », note Vincent Desruelles.