Les bailleurs sociaux de Paca tirent la sonnette d’alarme

Inquiets de la chute brutale du nombre de logements sociaux agréés en 2020, les membres de l’AR-HLM Paca-Corse appellent les élus à se mobiliser. En jeu, l’avenir d’une chaîne de production mais surtout celui de ménages en mal de logements.

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Pascal Gallard  (à gauche) et Pascal Friquet, respectivement directeur et président de l’AR-HLM, lors de la conférence de presse du lundi 19 juillet 2021 à Marseille.

En Provence Alpes Côte d’Azur (Paca), 7 301 logements sociaux ont été agréés en 2020 alors que l'objectif global était de plus de 13 000. Un vrai retour en arrière, après quatre années consécutives avec 10 000 logements agréés par an, qu’a déploré Pascal Friquet, le président de l’association régionale des organismes HLM de Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse (300 000 logements au 1er janvier 2020 ; AR-HLM), lors d’une conférence de presse, ce lundi 19 juillet à Marseille.

Recul

Tirant la sonnette d’alarme, l’AR-HLM s’inquiète des conséquences d’un tel recul. « Il n’est même pas sûr qu’on puisse atteindre en 2021 le niveau de 2020. Cette baisse n’est pas seulement préjudiciable à l’offre de logements sociaux dans une région, qui en manque déjà avec une part de 11 % environ contre 15 à 16 % en moyenne nationale, elle impacte aussi durablement toute l’activité des bailleurs et bloque l’ensemble des processus de leurs interventions, à savoir le renouvellement urbain dans les quartiers prioritaires, la lutte contre l’habitat indigne ou bien encore la réhabilitation des copropriétés dégradées », a déclaré Pascal Friquet.

Et le directeur de l’AR-HLM Pascal Gallard de poursuivre en soulignant « qu’au rythme actuel, en Paca, il faudrait huit années pour absorber la totalité de la demande de logement social exprimée contre quatre au niveau national ».

Les deux hommes s’inquiètent aussi de l’impact d’un tel recul sur l’activité du BTP. En Paca, la construction de logements sociaux pèse en effet 12 % du chiffre d’affaires du Bâtiment, soit environ 1 milliard d’euros d’investissement chaque année dans le neuf et la réhabilitation.

Résistance

La cause de ce recul ? La crise sanitaire bien sûr, mais pas seulement. Pascal Friquet et ses pairs constatent ainsi la " résistance " de maires de plus en plus nombreux à produire des logements sociaux. « Ces élus estiment que les communes sanctionnées pour non-respect du quota de 25 % de logements sociaux de la loi SRU l’ont été trop durement. Ils considèrent en effet que ne pas pouvoir atteindre un objectif inatteignable ne devrait pas être sanctionné », développe Pascal Friquet.

Dans une région qui compte le plus grand nombre de communes carencées de France (83 pour la période 2017-2019), l’AR-HLM estime qu’il faudrait « une approche moins coercitive et plus partenariale » pour donner envie de construire du logement social.

Injonctions contradictoires

A ce manque de volonté de certains maires s’ajoutent le foncier de plus en plus rare et cher, les risques naturels, la loi Littoral, la réforme des attributions mal comprise ou en tout cas mal perçue, la baisse des délivrances des permis de construire (-9 % au niveau régional sur les 12 derniers mois) et, enfin, une interprétation « trop stricte » du zéro artificialisation nette. Sur ce dernier point, l’AR-HLM souligne les injonctions contradictoires auxquelles sont confrontées les maires : « Ils doivent, d’un côté, veiller à ne plus artificialiser les sols et, de l’autre, à construire un nombre parfois important, proportionnellement parlant, de logements. Globalement, la préoccupation environnementale pousse les élus à rejeter « la bétonisation », analyse Pascal Friquet.

Acquisition-amélioration

Ne se résolvant pas à cette situation de blocage, le président de l’AR-HLM et son équipe invitent au dialogue avec des solutions. Pour reconstruire la ville sur la ville et ainsi éviter d’étendre l’urbanisation, la réhabilitation de logements anciens, y compris indignes ou dégradés, est une piste de développement du logement social. Les aides majorées existent déjà pour compenser en partie le coût élevé (1 900 euros HT/m2 contre 1 400 euros HT/m2 dans le neuf) des opérations d’amélioration-acquisition. Mais pour l’AR-HLM, la bonne politique serait aussi de ne pas imposer aux bailleurs sociaux les normes du neuf dans l’ancien. Dans ce type d’opérations, un assouplissement des normes en termes d’accessibilité ou d’acoustique serait ainsi bienvenu.

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