Quel a été l'apport de la démarche de haute qualité environnementale (HQE) à la construction passive ?
Tous les bâtiments HQE présentent des volets « constructions passives », et il existe une sensibilité particulière chez les concepteurs pour l'enveloppe. Par ce biais, on touche plusieurs cibles de la démarche HQE. Ce qui s'est traduit par des évolutions nettes. En premier lieu, les expériences ont migré de la maison individuelle au tertiaire, puis à l'habitat collectif. Or, la démarche passive est très différente en maison individuelle, où l'on s'intéresse essentiellement à profiter du soleil, et en tertiaire, où il s'agit de s'en protéger. En second lieu, la lumière et la ventilation naturelles ont pris une place importante. Enfin, l'évolution de la HQE s'est traduite par une dispersion des projets sur le territoire qui oblige à s'adapter aux cycles saisonniers locaux.
L'habitat passif sort-il de la « marginalité » ?
Les constructeurs de maisons individuelles sentent venir le vent de ce côté-là. Je suis persuadé qu'il existe en France un marché pour un produit qui met en avant des aspects de confort et d'environnement. Pour leur part, les maîtres d'ouvrage publics, les promoteurs ou les bailleurs sociaux abordent encore ce sujet sous l'angle de la maîtrise des charges : ils raisonnent en euros, pas en réduction de CO2. Cependant, je pense qu'on est en train de sortir de la marginalité, car les maîtres d'ouvrage s'y intéressent, et on est sorti du strict tertiaire public : les lycées et collèges. Quant aux architectes, la succession des formations longues montre leur intérêt pour ce sujet.
Quels leviers sont disponibles pour développer ce mouvement ?
Est-ce que l'action volontaire des constructeurs est suffisante pour réduire l'impact des bâtiments sur l'environnement ? Trop souvent, les temps de retour sur investissement sont hors des limites habituellement admises par les investisseurs. D'autre part, on leur demande de payer pour quelque chose dont ils ne bénéficieront pas : ils le vendent. L'intérêt de la démarche est collectif. Mais surtout, c'est la collectivité, par le jeu des subventions, de la réglementation, des taxes, qui doit assurer cette prise en compte. Parce que l'impact des émissions de CO2 - pluviométrie, hausse des températures... - entraînera inévitablement des investissements qui seront lourds.