Le vieillissement de la population ouvre un marché colossal aux professionnels de l'adaptation de l'habitat

Alors que le nombre de personnes de plus de 75 ans devrait être multiplié par deux d'ici trente ans, ce sont 300.000 emplois que pourrait créer le marché de l'adaptation des logements.

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Installation d’un lit douche

La ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomime, Michèle Delaunay a résumé d'une phrase le sentiment qui animait les participants au colloque du Club de l'Amélioration de l'Habitat consacré mardi 9 avril à l'adaptation des logements existants à la vieilliesse et au handicap : "Nous sommes à un moment extrêment important".

Sous le double effet de l'échéance de 2015 fixée par la loi sur le handicap pour la mise en accessibilité des bâtiments et des logements et l'accélération du vieillissement de la population française (le nombre de plus de 75 ans devrait doubler d'ici trente ans et le nombre d'octogénaires atteindre les 5 millions), le secteur de la construction se trouve en effet face au défi de développer et d'organiser le plus vite possible un marché potentiellement porteur de croissance (et créateur de près de 300.000 emplois) mais encore quasiment inexistant.

Ce marché se subdivise en réalité en deux, à en croire l'étude du CAH dévoilée par son vice-président Pierre Luc Langlet : un marché de "l'urgence", soutenu par les collectivités locales, les professionnels de santé et porté par les entrepreneurs du bâtiment, qui concerne l'adaptation des logements pour des personnes âgées confrontées soudainement à un handicap causé par des chutes (on en compte 450.000 chaque année chez les plus de 65 ans en France) ou la maladie (1) ; et un "marché de la prévention", "qui n'existe pas encore pour les logements anciens", a précisé M. Langlet.

Des freins psychologiques

Or le potentiel économique pour une activité qui concerne a priori 28 millions de logements privés (dont 2/3 de maisons individuelles) est colossal. Pour libérer ce potentiel, le CAH a identifié les freins et les leviers correspondants.

Si les freins peuvent être financiers - les travaux à réaliser sont chers ("environ 8000 euros pour des ménages au revenu annuel de 12000 euros", selon Christian Mourougane, directeur général adjoint en charge des politiques d’intervention de l’Anah) - et techniques - les travaux sont difficiles à réaliser dans des logements parfois dégradés ou inadaptés, ils sont d'abord psychologiques démontre l'étude du CAH.

Les personnes âgées sont souvent dans le déni de leur vieillissement et refusent des installations au design "hôpital".

C'est pourquoi le CAH propose le lancement d'une campagne de communication et de sensibilisation du grand public. autour d'une notion forte : l'anticipation. Pourquoi ne pas effectuer dès maintenant, couplés avec des travaux de décoration ou de rénovation énergétique, l'adaptation des logements ?

Cela nécessiterait le développement d'une offre de produits et de concepts universels et d'un design "qui ne fait pas vieux", d'une offre de travaux globale proposée par des professionnels du bâtiment formés et informés - par exemple avec l'aide d'ergothérapeuthes (multiplier en somme les professionnels porteurs de la marque Handibat de la Capeb ou Pro de l'accessibilité de la FFB), et d'incitations financières appropriées.

Si cela se met en place, alors "la France aura retrouvé son triple A social - anticipation, adaptation, accompagnement - le seul que les agences de notation ne pourront nous enlever a conclu Michèle Delaunay sous les applaudissements.

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