Qu’il s’agisse de la marque Pros de l’Accessibilité, ou de la marque Handibat®, indéniablement les entreprises du bâtiment et leur représentant ont pris conscience que l’accessibilité au sens large – adaptation du logement existant, mise en accessibilité des ERP et construction neuve – était bel et bien un marché, mais pas tout à fait comme les autres.
D’où peut-être la nécessité de l’aborder par le biais d’une marque : « C’est un marché difficile car on ne peut pas se cantonner à son domaine de compétences; il faut avoir une vision globale, donc savoir regrouper autour de soi diverses compétences : médicales, financières (aides) et techniques.
Avoir une marque permet de se distinguer, de faire la différence, explique Alain Chapuis, gérant menuiserie Chapuis, lui-même en situation de handicap et l’un des pionniers des Pros de l’Accessibilité. Ce que confirme Franck Picout, plombier chauffagiste (Sarl Picout) et titulaire de la marque Handibat® depuis un an : « C’est un marché différent car il faut se rendre plus disponible, y compris pour les petits aménagements. C’est avant tout un service à la personne ». Et chacun d'insister sur l'aspect humain : « C'est très enrichissant au plan personnel », admet Franck Picout; et pour Alain Chapuis: « Pour moi le plus important c’est le contact humain, la mise en commun, la mutualisation ».
Difficultés d’ordre économique
Mais si les entreprises s’y intéressent, c’est aussi pour soutenir leur activité: « L'accessibilité est un marché qui monte », précise Alain Chapuis. Pourtant il semblerait que ce ne soit pas toujours simple d’y aller : « C’est un marché porteur; il y aura beaucoup de salles de bains à aménager, insiste Franck Picout. Mais j’ai l’impression que les artisans le délaissent car ils ont peur du handicap ». Pour Ida Adamo, Pros de l’Accessibilité et dirigeante d’une entreprise Lib’Accès qui intervient depuis une trentaine d’années sur ce marché, les difficultés peuvent s'avérer également d’ordre économique : « Bien sûr, c’est un marché intéressant et aujourd’hui davantage médiatisé en raison de la loi accessibilité et handicap. Cela peut aiguiser l’appétit des entreprises. Mais ce n’est pas un secteur simple d’approche car nous dépendons beaucoup des subsides publiques, que ce soit les subventions pour adapter les logements ou les financements pour adapter les immeubles publics. Or, cela prend beaucoup de temps entre le moment où le devis est proposé et la réalisation des travaux ». La conjoncture peut aussi être un frein: « Les personnes âgées ont peur de l’avenir et conservent leurs économies plutôt que de faire des travaux d’adaptation », conclut Ida Adamo.
Montrer l’appartenance à un réseau
Comme Ida Adamo avec Lib’Accès, Pierre Denis Hamel, gérant de la société Acces 9 (marque Handibat®), s’est fait une spécialité des travaux d’aménagement : « Nous avons construit une offre spécifique et réalisons tout en interne ».
Il y a donc deux typologies d’entreprises qui choisissent de s’affilier à une marque : les ultraspécialisées et les classiques, et ce dans tous les métiers. D’ailleurs sur ce plan, les statistiques des Pros de l’Accessibilité sont sans appel : « Tous les corps d’état sont représentés, explique Valéry Laurent, ingénieur qui suit le dossier à la direction des affaires techniques de la FFB. Nous avons des artisans et des PME avec une répartition homogène : 21 % dans le secteur du gros œuvre, 28 % dans le second œuvre, 23 % dans les équipements techniques et 28 % de sociétés intervenant dans le secteur de l’aménagement ». Alors spécialiste ou pas, lorsqu’on demande aux entreprises pourquoi elles choisissent une marque, la réponse est unanime : « Pour nous différencier, montrer que nous appartenons à un réseau d’entreprises compétentes, et pour le soutien que nous apporte la marque, formation, organisation »…
Côté travaux, il n’y a pas de règles et les choses sont différentes selon que l’on intervient pour des personnes en perte d’autonomie, en situation de handicap, ou pour l’adaptation des ERP. En ce qui concerne les compétences, Gabriel Desgrouas, à l’origine de Handibat®, voit les choses plutôt positivement : « Marché de l’accessibilité ou pas, nous partons du principe que les entreprises ont les qualifications pour réaliser les travaux. En revanche, il y a un savoir-faire à acquérir ; c’est à cela que sert aussi la marque ».
