Le bureau post-Covid rime avec… densité

Favoriser les interactions tout en économisant des mètres carrés inutiles : une étude auprès de dirigeants d’entreprise esquisse les tendances d’après la pandémie.

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Bureaux vides
Un open space inoccupé.

Optimisation de l’espace et besoins d’interaction entre collaborateurs en télétravail plusieurs fois par semaine vont faire rimer le bureau de demain avec densité.

C’est en tout cas ce qu’anticipent les directeurs immobiliers, DRH ou directeurs généraux de 23 grandes entreprises dont Atos, Carrefour, Orange, Harmonie Mutuelle ou encore La Poste, interrogés par le cabinet de conseil parisien The Boson Project, dans le cadre d’une étude sur les mutations au travail, commandée par Nexity, la Banque des territoires et le créateur d’espaces de travail partagés Morning et présentée ce 11 mai.

Réduction des surfaces

Sous couvert d’anonymat, l’un des sondés affirme que la réduction des surfaces est en marche : « Tout simplement parce que si on augmente le télétravail il y aura des bureaux inoccupés. Si on veut privilégier l’interaction, ça va nous obliger à passer en flex office. »

Virage déjà amorcé par Accor, le sixième groupe hôtelier mondial.

L’optimisation du parc immobilier « va dans le sens de notre démarche globale pour la transition énergétique : rénover les bâtiments énergivores, mieux valoriser les m² à disposition et réduire les temps de transport », confie de son côté Catherine Cousinard, directrice générale adjointe d’Engie, qui avait décidé – avant la pandémie – de réduire à 94 000 m² (au lieu de 135 000 m²) la superficie de son futur siège social à la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).

Crise oblige, « une entreprise sur trois » en France « a renégocié le bail ou réduit la surface de son bureau », confirme Jean-Claude Bassien, directeur général de Nexity Solutions Entreprises.

Deux profils se distinguent. Le premier : « La grande entreprise qui pèse lourd en m² et a profité de la crise pour renégocier un deal sur son parc immobilier afin de rééquilibrer le rapport de force avec ses deux ou trois bailleurs », observe-t-il.

Deuxième profil : « La petite entreprise étranglée sur le plan financier qui fait face à une problématique de survie », analyse-t-il. Celle-ci a eu l’obligation de « revoir les dimensions voire de rendre les espaces de bureaux pour aller se mettre dans des espaces de coworking », note Jean-Claude Bassien. A l’avenir, la souplesse restera recherchée, l’un des répondants dit ainsi « réfléchir à des modèles hybrides et souples pour ne pas être bloqués par des baux 3-6-9 ».

« La place du village peut représenter 30 % de l’espace total »

Si « le bureau posé comme une verrue dans un quartier, sans dialogue dans le geste architectural », est menacé de disparition, soutient Jean-Claude Bassien, « l’hybridation » des immeubles pousse déjà les opérateurs de services immobiliers à proposer aux locataires « une modularité fluide ».

Une flexibilité qui devrait entraîner « un aménagement » des normes de sécurité ces prochaines années, prévient-il. Le bureau de demain suppose aussi « une meilleure distribution des espaces » : individuels, collaboratifs et de réception, « l’art de recevoir au bureau » étant un axe à travailler selon lui. Il s’agit enfin de « repenser de manière circulaire les espaces, avec un écran au centre (de la salle, NDRL) par exemple », sur fond de développement des modes de déplacement sans contact au sein de l’entreprise, afin de « se préparer aux crises futures », annonce-t-il.

De son côté, Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project, note que ses clients franciliens en quête de bureaux post-Covid ont une nouvelle exigence : créer des « carrefours » au nom du « lien social » entre collaborateurs convertis au travail à distance. « La place du village est de plus en plus importante et peut représenter 30 %  de l’espace total », assure la dirigeante.

A l’ère du bureau post-Covid, les travailleurs auront plus que jamais besoin de se croiser. Plus qu’un lieu de travail, le bureau deviendrait ainsi un lieu de brassage.

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