Au cœur de la Chine, dans la province du Sichuan, la municipalité de Chongqing est à l'image du pays : vaste comme l'Autriche, elle se présente comme la plus grande mégapole du monde avec 32 millions d'habitants, et 500.000 nouveaux venus par an... Plus largement, si 48% des Chinois vivent aujourd'hui en ville, ils seront 59% en 2025. D'où une urbanisation frénétique, synonyme de nouvelles constructions et infrastructures à foison. Avec, pour corollaire, une demande prévisible et croissante, ces quinze prochaines années, en matériaux tels que le ciment ou le plâtre (la Chine représente déjà plus de la moitié de la consommation mondiale en ciment). Une opportunité à saisir pour Lafarge qui, présent depuis 1994 dans le pays, entend renforcer ses positions dans cette région centrale pour mieux faire rayonner ses équipes sur la totalité de ses sites (13.000 collaborateurs, trente cimenteries, cinq centrales de béton prêt à l'emploi et quatre usines de plaques de plâtre).
Troisième ligne
Ciment (24 millions de tonnes/an), plaques de plâtre (100 millions de m2/an), granulats et béton (3 millions de m3/an), "nous voulons croître plus vite que le marché. Pour cela, il nous faut être le plus concurrentiel et le plus innovant", martèle Bruno Lafont, le P-DG du Groupe. Pour y parvenir, l'industriel booste ses capacités de production. C'est ainsi qu'à Dujiangyan, près de Chengdu, ville du Sichuan qui jouxte Chongqing, Lafarge mettra en service fin 2010 une troisième ligne de fabrication dans sa cimenterie (2,3 millions de tonnes/an) afin de porter la capacité totale du site à 5,4 millions de tonnes/an. Soit sa plus grosse cimenterie au monde! Entre ouvertures de sites et acquisitions de concurrents, le groupe compte monter à 35 millions de tonnes dans tout le pays dès l'année prochaine, pour atteindre 50 millions de tonnes d'ici trois ans. De même pour l'activité plaques de plâtre (un marché qui devrait tripler d'ici 2015, selon les prévisions de l'industriel) avec la mise en service cette année d'une nouvelle usine à Shanghai (34 millions de m2/an) et d'une autre en 2011, à Chongqing toujours.
Désulfogypse
Mais développement doit rimer avec environnement. L'industriel y veille. Ainsi, entre 2005 et 2009, les émissions de CO2 de ses cimenteries ont été réduites de 30%. A Chongqing, Lafarge traite en partie, pour le compte de la municipalité, les boues des stations d'épuration de la ville dans ces mêmes cimenteries. Côté plaques de plâtre, celles-ci consomment quatre fois moins d'énergie pour leur production que les briques traditionnellement utilisées par les Chinois en cloisons séparatives. Surtout, elles sont issues à 100% de produits recyclés : qu'il s'agisse du carton utilisé dans la plaque provenant de vieux papiers, de la réincorporation de plaques de chantiers de démolition; ou encore de la matière première elle-même, issue d'un gypse synthétique (désulfogypse) résultat du traitement des émissions de soufre en provenance des centrales thermiques du pays.
