Déchets du bâtiment : la REP sous haute surveillance

Déchets amiantés, relation avec les éco-organismes, réemploi… le salon Pollutec a été l’occasion pour les professionnels du Bâtiment, bientôt concernés par la mise en place d’une filière REP (responsabilité élargie du producteur) qui vise à organiser une reprise « gratuite » des déchets de chantier triés, de faire valoir leur points de vigilance.

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Déchets de chantier.

La pression monte pour les professionnels du bâtiment sur la gestion des déchets de chantier, alors que l’Ademe doit publier d’ici la fin de l’année, l’étude de préfiguration de la filière REP (responsabilité élargie du producteur) qui vise à organiser une reprise « gratuite » des déchets de chantier triés.

Mais comme rien n’est gratuit, « il s’agit de trouver une hausse raisonnable des prix des matériaux, pour financer la reprise des déchets, le développement de nouveaux points de collecte pour resserrer le maillage déjà existant, mais aussi l’éradication des dépôts sauvages sur lesquels nous n’avons aucune donnée chiffrée, et enfin, financer le développement d’une filière de recyclage », a résumé Stéphanie Coullon, ingénieure environnement de la FFB, dans le cadre d’une conférence organisée par Pollutec, mercredi 2 décembre.

Points de vigilance

Si les débats ont permis de faire valoir le point de vue de chacun, tous les intervenants s’accordaient sur les déchets amiantés. « Laissons-les dans la mécanique de travail actuelle qui fonctionne bien », préconise Françoise Weber, directrice des schémas REP de Véolia Propreté. Car à l’heure actuelle, « on ne sait pas si ces déchets se situent en dehors des REP, s’inquiète Stéphanie Coullon. Il n’y a plus de producteur, comment va-t-on financer la reprise de ces éléments ? »

Autre point de vigilance : « ne pas casser ce qui existe déjà, réclame Olivier Ponti, président de Federec BTP, la fédération des professionnels du recyclage. Nous ne savons pas combien d’éco-organismes seront créés, mais nous souhaitons que la relation entre les entreprises et les collecteurs-recycleurs perdure, car les éco-organismes risquent d’avoir une démarche très administrative et financière, ce qui ne présage pas d’une grande efficacité côté opérationnel. »

Les fabricants de matériaux vantent leur organisation

 

Lors de son point de conjoncture annuel le lendemain de cette table-ronde, l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction a à nouveau demandé à ce que les filières de collecte déjà en place ne soient pas désorganisées et vanté ses efforts en matière de valorisation et de recyclage. 

 

"Aujourd’hui le granulat recyclé représente près de 30% de la fourniture aux infrastructures et aux bâtiments", a rappelé le président de l'Unicem Nicolas Vuillier. "La filière s’est penchée sur cette question de la valorisation depuis plus de 20 ans en trouvant des débouchés, en fixant un prix et en maillant le territoire".

 

Résultat, la mobilisation a permis de dépasser, dès 2018, le seuil des 70 % de taux de valorisation fixé par l’Union européenne pour 2020. Les déchets inertes du bâtiment (33,5 millions de tonnes) sont ainsi déjà valorisés à hauteur de plus de 80 %, grâce à un maillage de 1 500 plateformes exploitées par les adhérents de l’Unicem et réparties sur l’ensemble du territoire. "Il reste des trous", concède Nicolas Vuillier. "Mais si on nous laisse combler les trous, avec des incitations, nous pouvons le faire. Des green deals sont signés dans les territoires pour améliorer la collecte, le tri sur de nouvelles plateformes", poursuit le président de l'Unicem. "La REP risque de casser la dynamique et l’organisation en place. Mais aujourd’hui, les ministères concernés ne nous écoutent pas. Installer une usine à gaz pour gérer tout cela n’a aucun sens. Et au final c’est le consommateur qui paiera deux fois", conclut-il.

 

Autre sujet, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) a prévu de développer la traçabilité de déchets. « Nous devons mettre en place un langage commun », poursuit Olivier Ponti.

Enfin, le gouvernement ne doit pas seulement se pencher sur la mise en place de la filière REP. Il doit aussi prévoir l’avenir des matériaux triés et les débouchés pour leur recyclage ou leur réemploi. « Dans le secteur de l’ameublement, la filière de déconstruction a fait émerger une quantité de bois élevée, sauf que l’on ne sait pas quoi en faire. Nous nous retrouvons à affréter des bateaux pour envoyer ces éléments en Suède, pour qu’ils soient brulés dans des chaufferies, parce qu’en France, la réglementation ne nous permet pas de le faire. Par ailleurs, il faut également travailler sur l’incorporation de ces matériaux par les industriels. »

Un effort de pédagogie devra être réalisé auprès des maîtres d’ouvrage sur les matériaux à base de matière recyclée qui « très souvent, se disent qu'ils ne sont pas de bonne qualité alors que des normes strictes sont déterminées », regrette Stéphanie Coullon.

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