« La part de DPE F ou G dans les transactions est passée de 11% avec l’ancien à 16% aujourd’hui, dans toutes les régions », affirme Jean-Marc Torrollion, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), en conférence de presse le 29 juin. En cause, le nouveau calcul qui tend à faire baisser la note du diagnostic de performance énergétique, en particulier des logements chauffés au gaz ou au fioul, et la hausse du nombre de propriétaires qui souhaitent s’en débarrasser, selon la Fnaim.
Constatant le manque de volonté des élus, Jean-Marc Torrollion « demande une cartographie des biens potentiellement indécents dans chaque collectivité territoriale pour une prise de conscience et une mobilisation des aides au niveau de l’intercommunalité », en complément des dispositifs nationaux, insuffisants pour assurer la montée en puissance des travaux globaux, moyen le plus efficace pour éliminer les passoires thermiques.
L’Ademe doit annoncer en septembre prochain un nombre affiné de logements énergivores à éradiquer, selon le président de la Fnaim. Information que le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires n’a pas été mesure de confirmer. Pour Jean-Marc Torrollion, qui a échangé à ce sujet avec « les services d’Emmanuelle Wargon » avant les élections, « on ira plutôt vers 5,5 millions ». Un entre-deux entre les 4,8 millions chiffrés par l’ex-ministère du Logement et les « 7 à 8 millions » estimés par la Fnaim.
Nouveau calendrier
Comme l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), la fédération d’agents immobiliers, administrateurs de biens ou encore syndics de copropriété appelle à aligner le plan français d’éradication de logements énergivores sur celui de l’Union européenne. Cela signifie interdire la mise en location des biens étiquetés G en 2030 et F en 2033, et donc, à détendre l'agenda prévu par la loi Climat et Résilience. « L’objectif est de rendre le calendrier tenable », souligne Jean-Marc Torrollion. L’effort de rénovation serait davantage concentré sur les logements très énergivores, selon le professionnel.
Rappelons que la loi Climat et Résilience prévoit une interdiction de mise en location des logements G en 2025, F en 2028 et E en 2034. « En copropriété, cela suppose de voter les travaux avant 2023 s’il s’agit de passer son logement de G à D », illustre-t-il. Au congrès de la Fnaim en novembre 2021, l’ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon n’avait pas fermé la porte à une éventuel changement de calendrier d’interdiction de mise en location des logements énergivores. « Le gouvernement actuel - et nous verrons le suivant - sera vigilant sur la soutenabilité du calendrier », avait-elle déclaré.
Le pouvoir d’achat immobilier va encore baisser
L’activité des travaux à réaliser dans les logements (énergivores ou pas) pourrait, en outre, pâtir de la baisse du pouvoir d’achat immobilier, de 4,3% cette année, soit une baisse de 9,4% en trois ans, selon la Fnaim. Ses prévisions reposent sur une remontée des taux à 1,9% et des revenus en hausse de 2% en fin d’année.
« Après avoir reculé à cause de la hausse des prix, il va baisser en 2022 à cause de la montée des taux d’intérêt », observe Jean-Marc Torrollion, son président. Le taux moyen sur 25 ans est passé de 1,10% en décembre 2021 à 1,57% actuellement et la capacité d’emprunt avec une mensualité de 1000€ recule, de 262 181€ à 247 995€, soit -5,4%. Pas de tremblement de terre, donc. Pour l’instant.
C’est plus l’effet ciseau entre taux d’intérêt en hausse et taux d’usure en baisse qui inquiète. Fixé par la Banque de France, celui-ci s’élève aujourd’hui à 2,4% pour un crédit sur 20 ans, contre 3% au premier trimestre 2019. Conséquence de la fin de l’argent gratuit assumé par la Banque centrale européenne, un dossier sur cinq est rejeté depuis mai dernier pour cause de dépassement de ce taux. Autant de projets d’acquisition repoussés et potentiellement de travaux à réaliser dans la foulée qui n’auront pas lieu.