C’est à l’occasion d’une conférence de presse sur le chantier même que Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, maître d’ouvrage, a annoncé la mauvaise nouvelle. « Aujourd’hui, en phase finale de ce quai, nous nous apercevons qu’il y a une déformation de sa structure métallique » a-t-il déclaré. « Les travaux nécessaires pour remédier à cette déformation, due à la poussée exercée par les terres que le quai de 400 mètres de long contient, pourraient s’achever « au printemps ou à l’été 2021 », a-t-il complété.
À lire aussi
Une déformation plus importante que prévu
Engagé en 2017, ce programme d’investissements de 220 millions d’euros porté par la région, propriétaire du site, s’est poursuivi jusqu’ici dans les délais.
Mais la structure métallique du quai EMR (énergies marines renouvelables), achevée fin 2018 en bout du polder, s’est déformée de manière inattendue depuis l’été dernier.
C’est sur ce « mur » du quai, constitué de pieux et de palplanches, que doivent accoster les navires pour y décharger les colis lourds liés aux énergies marines. Une fois dragué à sa base, l’ouvrage affichera une hauteur de 22 mètres et au moins 12 mètres de profondeur d’eau avec pour fonction d’accueillir en permanence les bateaux.
Derrière cette structure métallique, ancrée dans le fond marin, des couches de remblais sont posées sur les vases de la rade afin de former le terre-plein arrière du quai. Elles sont compactées pour atteindre une résistance suffisante adaptée aux activités de manutention de pièces pesant jusqu’à 1 000 tonnes.
L’avant du quai s’apparente donc à un mur extrêmement solide retenant derrière lui le poids des terres. Il est normal que ce mur devienne légèrement courbe sous la poussée des terres qu’il retient, mais la déformation constatée est plus importante que prévu. Elle ne se voit évidemment pas à l’œil nu mais a pu être observée grâce à différents outils de surveillance.
À lire aussi
Prévisions dépassées
Les causes de cette déformation relèvent de plusieurs phénomènes. Au cours de la construction, les forces de poussée et de butée qui s’appliquaient sur le quai ont dépassé les prévisions du constructeur et du maître d’œuvre. Le calcul de la courbure repose sur un modèle précis qui prend en compte les paramètres du chantier et les spécificités des fonds marins de la rade. Dans le cas présent, la déformation constatée va au-delà de la description par le modèle.
À lire aussi
Le constructeur, Vinci, et le maître d’œuvre, Egis, étudient actuellement une solution de renforcement de ce « mur » long de 400 mètres, soumis aux flux des marées. Cette solution passera forcément par un renforcement de d’ouvrage à partir de 2020. La livraison qui était prévue initialement l’été prochain, est désormais repoussée à « début 2021 ».
Pour l’heure, le surcoût est évalué entre 50 et 70 millions d’euros. La région précise qu’il devrait être couvert à hauteur de 50 millions d’euros par les différents assureurs de l’opération.
Reste que ce contretemps n’arrange pas les industriels Navantia-Windar (fournisseurs d’Ailes Marines) chargés de construire les fondations des éoliennes du parc marin de Saint-Brieuc, et qui avaient prévu de démarrer la construction des éléments des jackets, en novembre 2020. Selon la région, « une alternative logistique est à l’étude avec le groupe espagnol qui a évidemment été informé de la situation ». En appui avec la CCI, concessionnaire du port, cette alternative consisterait à utiliser d’autres quais pouvant supporter le déchargement de pièces métalliques. Mais ces colis ne devront impérativement pas dépasser 100 à 150 tonnes.