Alors que le respect de l’objectif de limitation du réchauffement global à +1,5° C par rapport à l’ère pré-industrielle fixé par l’Accord de Paris de la COP 21 semble année après année de moins en moins atteignable, le secteur du bâtiment et de la construction qui représente aujourd’hui 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre doit malgré tout accélérer sur la voie de la décarbonation. Et ce même la cible du zéro émission nette d’ici 2050 semble une gageure alors que la moitié des bâtiments de 2050 n’ont pas encore été construits et que l’ONU prévoit un doublement de la surface bâtie d’ici 2060. Il reste a minima impératif d’adapter ces constructions aux dérèglements climatiques. Ce qui passera par une coopération internationale accrue.
Pour relever ce défi, le ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires organise à Paris, les 7 et 8 mars, un Forum mondial Bâtiments et climat (Buildings and Climat Global Forum), réunissant ministres et représentants de haut niveau d'organisations clés et acteurs économiques du secteur, dans le but de stimuler sa décarbonation et sa résilience.
« La France est très mobilisée sur ce sujet et légitime depuis la COP21 », a rappelé le ministère dans sa présentation de l’événement à la presse. « Le pays est engagé au sein de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la Construction (GlobalABC) qui s’est fixée pour objectif d’amener le secteur bâtiment à 0 émission à horizon 2050 ; la France est l’hôte du secrétariat du PNUE à Paris (co-organisateur du Forum) et elle est également à l’initiative d’un programme d’assistance aux pays en développement lancé avec l’Allemagne en 2016 ».
Ce forum co-organisé avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avec le soutien de l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction, est présenté comme une première mondiale et fait suite à l’initiative lancée à l’occasion de la COP 28 par la France et le Maroc, « Buildings Breakthrough », pour la création d’une coopération intergouvernementale renforcée pour faire des bâtiments résilients à quasi zéro émissions de gaz à effet de serre la norme d’ici 2030. Une coalition de 28 pays, totalisant plus du tiers de la population mondiale et 18 initiatives ont rejoint ce mouvement.
« Déclaration de Chaillot »
Au-delà des tables rondes, des réunions plénières, des expositions de solutions et des présentations qui offriront aux participants l'occasion de nouer des contacts et d'échanger des idées, c’est surtout l’approbation par les représentants de plus de 50 gouvernements représentés (dont ceux de la Chine et des Etats-Unis notamment) d’un cadre commun pour accentuer les efforts mondiaux en matière de décarbonation et de résilience au changement climatique dans le secteur du bâtiment qui est attendu.
Cet engagement que l’on connaît déjà sous le nom de « déclaration de Chaillot » est en discussions depuis plusieurs mois, a révélé le ministère de la Transition écologique. Il tracera les objectifs opérationnels et les moyens à mettre en œuvre pour infléchir la trajectoire du changement et structurera la coopération internationale sous l’égide de l'Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction qui sera chargé du suivi. Si les échéances ne sont pas encore fixées, on sait déjà que des réunions ministérielles seront organisées au moment des grands rendez-vous mondiaux sur le climat.