La direction régionale Grand Est de la Banque des territoires peut se targuer de deux records au niveau national, hors Ile-de-France : celui des interventions en fonds propres et celui de l’aide à l’ingénierie des collectivités. Les premières se sont élevées à 48 millions d’euros l’an dernier, « à comparer aux quelque 10 millions d’euros que réalisaient au cumul l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne jusqu’en 2015, avant la réforme territoriale », souligne le directeur régional Patrick François.
Le score de 2018 — qui n’est pas « gonflé » par le cas particulier de la participation de la Banque dans les sociétés de déploiement du très haut débit en Grand Est — a représenté « un effet de levier de 10, en déclenchant 500 millions d’euros d’investissements », ajoute le dirigeant.
Quant à l’ingénierie, si elle a signifié des dépenses plus modestes de 2 millions d’euros, elle a accompagné près de 80 projets, importants à l’échelle de leur territoire, comme les études sur le tourisme de mémoire en Meuse, le soutien au Pacte Ardennes et les déclinaisons du programme Action cœur de ville.
Objectif 80 millions d’euros
Le bras armé territorial de la Caisse des dépôts ne compte pas en rester là dans le Grand Est. Patrick François lui assigne l’objectif d’atteindre 80 millions d’euros de soutiens en fonds propres dès cette année.
« C’est le préalable pour jouer encore davantage notre rôle de stimulateur des territoires, pour les aider à passer du prototype à la moyenne série et les irriguer tous, y compris et surtout ceux qui se trouvent plus en difficulté », affirme-t-il.
Cette mission va prendre une forme concrète sur le plan organisationnel également : les trois directions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne héritées de l’ancien découpage administratif vont laisser place, d’ici à la fin de l’année, à dix directions départementales, dans un souci de maillage plus fin. Les services régionaux, eux, viennent d’être renforcés de la nomination d’un directeur du développement commercial, Adam Oubuih. Ce schéma original à l’échelle de la Banque des territoires aura valeur de test pour une possible reproductibilité ailleurs.
Ciblages
La montée en puissance en fonds propres n’est pas fortuite, dans un contexte où l’activité de prêts a baissé. Elle doit composer avec les bas taux d’intérêt que peuvent proposer les banques privées. Cette activité d’emprunt n’en reste pas moins le pilier du bilan de la Banque des territoires Grand Est, elle a représenté un total de 730 millions d’euros en 2018.
Ce qu’elle perd en attrait strictement financier, elle le gagne en pertinence par ses ciblages, analyse Patrick François : « Les prêts haut de bilan au logement social ou le déploiement émergent des Aqua-prêts pour les projets d’eau et assainissement des collectivités locales constituent des dispositifs dont leurs bénéficiaires se félicitent tous les jours ».
Panorama de projets soutenus en 2018 et début 2019
► A Troyes (Aube), reconversion de l’ancienne gendarmerie en un hôtel 4 étoiles (enseigne M Gallery d’Accor) représentant un investissement de 12,5 millions d’euros pour livraison début 2021
► Dans l’ensemble du Grand Est, création de la SEM Oktave pour la rénovation énergétique des maisons individuelles
► A Fessenheim (Haut-Rhin), travail pour le montage en cours d’une SEM franco-allemande de reconversion du territoire après la fermeture de la centrale nucléaire
► A Chaumont (Haute-Marne), prêt de 5 millions d’euros pour la construction (38 millions d’euros) de l’équipement culturel et sportif La Palestra
► A Nancy (Meurthe-et-Moselle), participation à la création de Défi, une SEM patrimoniale pour le rachat de commerces et leurs logements rattachés qui sont vacants dans le centre-ville
► A Lassicourt (Aube), participation à une SEM pour la construction d’un parc photovoltaïque sur une ancienne base de l’Otan (projet de 15 millions d’euros)
► A Strasbourg (Bas-Rhin), participation dans la société de portage de Nextmed, futur campus des technologies médicales
La Banque des territoires soutient la création de Nextmed, campus de technologies médicales qui va se développer sur le site de centre-ville des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. © Eurométropole Strasbourg