L’UMB-FFB fait feu de tout bois

Les 27 et 28 juin, Montpellier accueille, pour la première fois, le conseil d’administration et l’assemblée générale de l’Union nationale des métiers du bois de la Fédération française du bâtiment. L’occasion d’un point d’étape sur les enjeux de la filière, mais aussi d’un passage de flambeau.

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Thierry Ducros (à gauche) et Patrick Maillard, respectivement président sortant et nouveau président de l’UMB-FFB, le 28 juin 2024 à Montpellier.
L’union des métiers du bois, qui rassemble tous des métiers liés au bois dans la construction au sein de la Fédération française du bâtiment, a choisi Montpellier pour tenir son assemblée générale 2024, en présence de Thierry Ducros (à gauche), président sortant, qui passera officiellement le relais à la tête de l’UMB-FFB à son successeur, Patrick Maillard, le 28 juin 2024.

Il avait promis de « rendre son tablier chez lui. » Thierry Ducros, président de l’Union nationale des métiers du bois de la Fédération française du bâtiment (UMB-FFB) depuis six ans, et ancien président de la FFB de l’Hérault (FFB 34), a donc choisi Montpellier pour passer le relais à Patrick Maillard, seul candidat à se présenter, lors de l’assemblée générale de l’UMB-FFB qui se tiendra le 28 juin. La veille, les deux hommes ont organisé un point presse, entre bilan et perspectives. Thierry Ducros dit ainsi avoir veillé, dans le cadre de son mandat, « à ce que les trois métiers de l’union, les 13 régions, et toutes les tailles d’entreprises soient représentées au sein de l’organisation ». Empoignant son « bâton de pèlerin », il est par ailleurs allé à la rencontre des adhérents et a réactivé le rôle des délégués régionaux pour assurer la promotion de l’UMB-FFB. « Les 130 administrateurs à qui j’ai demandé leur ressenti, avaient l’impression que tout se décidait à Paris, que l’UMB-FFB formait une sorte de club fermé avec des cours professoraux alors que l’idée de l’union, c’est le partage. »

Parmi les réalisations à son actif figurent notamment l’élaboration d’un guide métiers ainsi que la révision des index BT lors de l’augmentation des produits bois en période Covid ou encore le développement des chartes 21 (celle d’agenceur étant la dernière en date, en 2024).

Une filière dynamique

Quatrième union de métier sur les 34 que compte la FFB, l’UMB-FFB a aujourd’hui le vent en poupe. L’union rassemble aujourd’hui plus de 9 000 entreprises adhérentes (menuiserie intérieure et extérieure, agencement, charpente, construction bois) qui emploient plus de 100 000 salariés et génèrent 14 G€ de chiffre d’affaires sur le territoire national. « Entre 2010 et 2020, le nombre d’entreprises de construction bois est passé de 60 000 à 80 000, soit une augmentation de 56 %. Dans le même temps, les effectifs de l’union ont augmenté de 70 % » a souligné Thierry Ducros.

La perspective de la RE2020 nous a beaucoup aidés, parallèlement à une volonté de construire davantage en bois

—  Thierry Ducros (UMB-FFB)

« La perspective de la RE2020 nous a beaucoup aidés, parallèlement à une volonté de construire davantage en bois. » Autre point positif : les entreprises rencontrent moins de problèmes de recrutement et les candidatures s’avèrent d’excellente qualité, avec en outre, une féminisation des métiers. « Grâce à l’émergence des bâtiments biosourcés, les jeunes s’orientent vers la construction bois. L’effet Notre-Dame a généré des vocations de charpentier et cette revalorisation des métiers permet de gagner en qualité de production » estime Thierry Ducros, même si tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et que l’orientation vers les métiers du bâtiment « reste mal vue ».

Activité disparate et problématique normative

Toutefois, sur le plan de l’activité, si la rénovation et la surélévation contrebalancent un peu la chute du logement et du tertiaire, force est de constater « une disparité phénoménale dans les carnets de commande selon les régions. » En Occitanie, la visibilité des entreprises dépasse rarement décembre 2024, loin derrière la Bretagne (12 à 18 mois de carnets de commande). Le Gard et l’Hérault sont très impactés par le manque de logement. Quant à l’Alsace, « elle souffre énormément de la concurrence jugée déloyale de l’Allemagne qui assure la fourniture et la pose avec des salariés roumains ou turcs. »

Force est de constater une disparité phénoménale dans les carnets de commande selon les régions

—  Thierry Ducros (UMB-FFB)

Selon Patrick Maillard, le principal problème rencontré par la filière depuis trois ans reste toutefois réglementaire et normatif, lié à sécurité incendie. « Il n’a échappé à personne que la construction bois se développe de plus en plus et que dans ce cadre, une tentative a été faite de révision de la réglementation des ERP de 1980 alors que certaines normes ne nous correspondent pas. » Or, les contraintes supplémentaires engendrent des coûts supplémentaires. « Viendra un moment où le maître d’ouvrage réfléchira à une décarbonation différente alors que celle-ci a considérablement baissé dans le bâtiment grâce au bois » alerte Patrick Maillard. Et Thierry Ducros de renchérir : « dans les pays nordiques, des bâtiments de plus en plus haut voient le jour, sans générer plus d’accidents que leurs homologues en acier ou en béton. »

L’opportunité de la RE2020

Ce qui fait dire aux deux professionnels qu’un travail de prescription et de lobbying doit être mené pour faire avancer le point de vue sur la construction bois. « Certains voient d’un mauvais œil, le bois remplacer le béton alors que nous prônons la mixité du produit dans la construction » souligne Patrick Maillard, tandis que Thierry Ducros dénonce les contre-vérités avancées : « On nous explique que la ressource ne satisferait pas la demande alors que nous n’utilisons que 55 % de la croissance de la forêt par an ; qu’il n’y aurait pas assez de professionnels alors que l’on dénombre au moins 200 bureaux d’études et 2 000 entreprises spécialisés. » Formation, mutation des entreprises vers la transition du numérique, évolution des modes constructifs en bois avec notamment des modes d’assemblages sans pièces métalliques… Les enjeux à venir ne manquent pas. La filière a surtout la chance de pouvoir surfer sur la RE2020. Le rôle de l’UMB sera ainsi de ne laisser personne au bord du chemin pour profiter de cette opportunité en proposant aux entreprises, des formations voire des aides financières.

En attendant, l’objectif du nouveau président est simple : « Poursuivre le travail collectif effectué depuis six ans, avec de nouveaux sujets et donc des combats à mener, auprès des ministères et des organes de réglementation. Et puis, avoir des retours des chefs d’entreprises sur leurs problématiques, internes ou locales pour donner mission à l’UMB de travailler sur ces thèmes. »

Patrick Maillard

Vice-président de l’UMB-FFB pendant dix ans, Patrick Maillard dirige l’entreprise Brard Menuiserie Bois Agencement depuis 2006. Ce menuisier ébéniste d’origine normande a exercé différents mandats : notamment ceux de président de la Chambre des professionnels du bois, membre du conseil d’administration de la FFB et président de l’Union départementale Val-de-Marne de la FFB Grand Paris - Ile-de-France, président de la commission TCE IdF Ouest de Qualibat, et président du GT BIM bois transition du numérique au CSF.
Pour sa part, Thierry Ducros, vice-président du « Comité professionnel de développement des industries françaises de l’ameublement et du bois » (Codifab), conservera la présidence de la commission bois jusqu’en 2025.

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