"L’open innovation nous permet d’aller plus vite", Sylvain Paineau, Schneider Electric

??L'open innovation, ou innovation ouverte, est une stratégie qui consiste pour les grands groupes à externaliser leur innovation grâce à des partenariats, notamment avec les start-up et les universités. Datant du début des années 2000, ce concept a commencé à infuser tardivement chez les acteurs du BTP. Les grands industriels du secteur s’emparent enfin de ce sujet, à l’instar de Schneider Electric. Eclairage avec Sylvain Paineau, directeur innovation et partenariat Europe.

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Sylvain Paineau, directeur innovation et partenariat Europe de Schneider Electric

Quand et comment Schneider Electric s’est emparé du sujet de l’open innovation ?

Sylvain Paineau : Cela fait plusieurs années que nous y travaillons mais il y a eu une accélération depuis l’arrivée en septembre dernier de Prith Banerjee, notre nouveau chief technology officer (directeur général de l’innovation technologique, ndlr). Il a mis en place une structure d’organisation spécifique pour l’activité open innovation au niveau mondial. Compte tenu de la largeur et de la profondeur de l’offre Schneider Electric, nous ne pouvons pas faire de l’innovation uniquement en interne car nous évoluons sur des marchés émergents, où les cycles vont très vite. Il y a un risque d’être en retard ou de ne pas arriver avec la bonne technologie. Nous collaborons donc avec des start-up, des universités, des centres de recherche pour travailler plus rapidement et être plus agiles.

Comment s’articule cette stratégie d’open innovation ?

S. P. : Nous sommes à l’écoute de nos réseaux et travaillons de façon ouverte avec des structures d’accompagnement de start-up, les incubateurs, les accélérateurs. Nous cherchons aussi à être proactifs en organisant des rencontres, des événements, des journées d’open innovation avec des partenaires. Schneider Electric a également créé un venture capital (société de capital risque), Aster Capital, avec les groupes Solvay et Alstom, qui investit dans des start-up avec un degré de maturité déjà avancé. C’est aussi un outil de veille pour nous.

Comment travaillez-vous avec les start-up ?

S. P. : Nous avons plusieurs scénarios d’intégration avec pour objectif d’aller jusqu’au marché. Premier cas : la solution technique d’une start-up est intégrée dans un produit Schneider Electric après une phase de codéveloppement. Deuxième cas : l’offre commerciale de la start-up est mature, nous la combinons avec une de nos offres et nous allons directement sur le marché ensemble. Ici, le principal avantage est d’investir de nouveaux marchés. L’accord commercial que nous avons avec la start-up Technosens nous a permis, par exemple, de lancer une offre commune pour les gestionnaires d’établissements de type Ehpad et pour le maintien à domicile. Nous favorisons aussi la création de start-up à partir de l’interne, ce que l’on appelle l’"excubation", pour valoriser des innovations qui avaient été mises de côté soit pour des raisons stratégiques, soit parce qu’elles n’étaient pas dans le pur segment de marché de Schneider Electric. Elles nous permettent d’aller plus vite si un nouveau marché apparaît et de générer une nouvelle culture entrepreneuriale parmi nos employés. Nous avons ainsi fait un premier exercice en ce sens avec la start-up Gulplug, créée il y a quelques mois par un chef de projet innovation et un responsable d’études consommateurs chez Schneider Electric, qui développe un capteur permettant de faire de l’audit énergétique rapide dans les usines. C’est complémentaire avec notre offre marketing d’audit énergétique. Pour aller plus vite, il a été décidé de ne pas industrialiser nous-mêmes ce capteur. Nous avons créer la structure, lui laissons la liberté d’exploitation et, à terme, Gulplug va devenir fournisseur de Schneider Electric.

??Sur quels sujets stratégiques travaillez-vous aujourd’hui en open innovation ?

S. P. : Parmi les plus importants, il y a bien sûr l’Internet des objets industriels car il entre en adéquation avec la chaîne de valeur complète de Schneider Electric aujourd’hui, du capteur jusqu’au cloud en passant par le big data, les solutions analytiques avancées et les plateformes de logiciels embarqués. Quasiment tous nos produits ont de la connectivité aujourd’hui et ce sera 100% à très court terme. Autre sujet primordial : le micro-grid (micro-réseau électrique intelligent, ndlr), qui est pour nous l’extension du bâtiment intelligent. Nous travaillons à trois horizons : court-terme avec des innovations autour de nos coeurs de métier comme le disjoncteur ; moyen terme, pour lequel tout en restant proches de nos métiers coeur nous ajoutons des technologies matures issues de partenariats ; et long terme, que l’on appelle "disruptif". C’est dans ce cadre que nous avons participé à la création d’une nouvelle chaire universitaire dédiée à la plastronique (discipline qui combine les technologies de la plasturgie et de la fabrication de circuits électroniques, ndlr) avec la Fondation Partenariale Grenoble INP. C’est pour nous une innovation de rupture potentielle, même si l'objectif général que nous suivons n’est pas forcément de trouver la technologie de rupture mais plutôt une innovation de marché.

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