La tour Croulebarbe, ou tour Albert, du nom d'un de ses trois architectes, fascine surtout les aficionados de l'architecture des années 1950 - 1960 pour qui elle est une icône. Première tour de logements à Paris, elle se dresse en fort retrait de la rue Croulebarbe et domine, radicale, les immeubles de logements alentour. Une dureté qu'apaise en reprenant leur épannelage une habile terrasse au septième niveau. Son plafond peint par Jacques Lagrange et la lumière qu'elle reçoit du sud-est introduisent une pause heureuse dans l'élévation et montre au grand jour la structure exceptionnelle de cette tour : des poteaux périphériques en tubes d'acier creux de 21,6 à 19,1 cm remplis de béton, répétés des pieds à la tête, sur lesquels reposent les planchers de béton armé. Renforcée par un double entrecolonnement longitudinal et un contreventement de croix de Saint-André sur les petits côtés, l'ossature rationalisée à l'extrême autorisait préfabrication, montage efficace, passage des réseaux et offrait surtout des plateaux quasi libres pour le cloisonnement. Cette belle mais implacable géométrie est adoucie en façade par des solutions habiles : angles du bâtiment traités en demi-panneau ou fenêtre à l'aléatoire calculé, vitrages clairs ou translucides ponctués de plaques d'aluminium gaufrées. Trame et vibration se mêlent et signent l'identité si particulière des lieux. Inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1994, la tour, en piteux état, a fait l'objet en 2005 d'une restauration minutieuse conduite par l'architecte Gorka Piqueras.
Ce feuilleton est réalisé dans le cadre de l'exposition "L'invention de la tour européenne" créée par le Pavillon de l'Arsenal.
Commissaire scientifique : Ingrid Taillandier, architecte et enseignante, Olivier Namias, architecte et journaliste avec Jean-François Pousse, journaliste / Scénographe : Manuelle Gautrand Architecture
Exposition du 14 mai au 4 octobre 2009 au Pavillon de l'Arsenal, entrée libre.
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