La première phase de la transformation des bâtiments de l’Insa Strasbourg (Bas-Rhin) est achevée. Les travaux livrés confèrent une cohérence, une transparence et une connexion avec le reste du campus universitaire qui faisaient en bonne partie défaut à l’ensemble immobilier constitué en trois temps, dans les années 1950 puis par extensions en 2000 et en 2004.
« Le parti pris a été celui d’interventions les plus légères possibles, qui puissent se mettre au service de la pédagogie », expose Benjamin Colboc, architecte cogérant de l’agence Cosa (Colboc Sachet Architectures) lauréate du concours avec sa consœur locale RHB (Rouby-Hemmerlé-Brigand Architectes).
L’opération, d’un montant de 27,4 millions d’euros TTC, dont 15,5 millions d’euros HT de travaux de restructuration (9 500 m2), d’extension (2 200 m2) et de réaménagement d’espaces extérieurs (1 380 m2), se poursuivra jusqu’à fin 2023.
Ne pas cacher les fluides
Les nombreuses surfaces vitrées intérieures procurent aux utilisateurs et visiteurs les vues vers les ateliers spécialisés, depuis notamment une nouvelle rue interne en charpente bois qui structure et rééquilibre en outre les circulations. De même, diverses ouvertures mettront fin à l’impression d’un mur hermétique que donnaient les constructions de l’Insa Strasbourg depuis le boulevard de la Victoire qui les longe. L’élégant bardage de douglas en claire-voie du nouveau bâtiment dédié à l’école d’architecture, quant à lui, apporte une identité visuelle nouvelle depuis l’allée Gaspard-Monge perpendiculaire au boulevard et qui fait pénétrer dans le campus de centre-ville.

Une rue intérieure en charpente bois restructure à bon escient les circulations au sein de l’école. © Christian Robischon
Toujours dans cette optique de servir l’enseignement et la transmission du savoir, « la construction est montrée dans toutes ses dimensions, y compris les fluides et les ventilations », rappelle Benjamin Colboc : l’école compte un département génie climatique et énergétique de référence, aux côtés de ses formations en architecture et génie civil.
Cette dernière spécialité s’apprête à bénéficier d’un atelier de prototypage à échelle réelle, « d’un seul tenant, en contraste avec les murs qui séparaient en trois ses équipements », relève Julien Rouby chez RHB Architectes. Les nombreuses connexions physiques ont été imaginées, d’ailleurs, pour susciter l’interaction la plus forte possible entre élèves ingénieurs et architectes, dont la cohabitation caractérise l’établissement de Strasbourg au sein du réseau national des Insa.
Précurseur du décret tertiaire
« Le décret tertiaire, nous l’avons anticipé… et dépassé », relève Amir Nahavandi, responsable du patrimoine de l’Insa Strasbourg. Dès 2014, en effet, l’établissement a atteint l’objectif de réduction de 40 % de sa consommation énergétique de référence (2010) dont le texte fixe l’échéance à 2030. La performance résulte surtout du changement de mix énergétique : la chaudière gaz exclusive a été supplantée à 80 % par la géothermie qui puise dans la nappe phréatique. De même ensuite, les obligations de 2040 et 2050 du décret (-40 % puis –50 %) ont été respectées à partir de 2015 et 2016, selon l’étude d’Alterea Ingénierie. Celle-ci mesure la consommation moyenne annuelle des 26 500 m2 Shon actuels à 71 kWh par mètre carré en énergie finale et l’émission de gaz à effet de serre à 10 kg équivalents de CO2/m2/an.