Quels enseignements tirez-vous de la dernière enquête quinquennale sur le devenir des diplômés de l'école ?
Réalisée auprès de plus de 400 diplômés architectes dans les dix dernières années et forte d'un taux de réponse de 91 % aux 112 questions, l'enquête dresse une photographie très exhaustive du devenir de nos étudiants sur une longue durée. Elle montre une tendance notoire à la diversification des métiers. Si 88 % des répondants travaillent bien dans les secteurs de l'architecture, de l'aménagement et de la construction, leur domaine d'activité se partage davantage que par le passé entre la conception du bâti et des fonctions plus techniques : ingénierie, pilotage des questions environnementales, patrimoine et monuments historiques, topographie, mais aussi scénographie, médiation…
On perçoit bien l'évolution vers le besoin d'une relation plus étroite avec l'environnement humain et naturel qui entoure l'architecte. Le métier se limite un peu moins qu'avant au projet d'architecture élaboré au sein d'une agence : ce type de profil voit sa part descendre légèrement sous 70 % alors qu'elle atteignait 80 % lors des enquêtes quinquennales précédentes.
Un ancien de l'Insa traite-t-il des dossiers plus importants que la moyenne de ses confrères ?
L'enquête souligne d'abord la propension significative de nos diplômés architectes à rejoindre une structure importante : un tiers déclare exercer dans une agence d'architecture de plus de 20 salariés, alors que la proportion ne serait que de 2 % en France en général selon l'ordre des architectes [enquête « Archigraphie 2020 », NDLR].
Cette situation semble aller de pair avec la gestion de projets de plus grande taille : 11 M€ en moyenne, contre un niveau moyen d'1 M€ dans la profession. Ce point peut toutefois être corrélé à l'effet classique de l'expérience : les interrogés exerçant depuis de nombreuses années, ils se voient confier progressivement des dossiers de plus en plus importants.
Votre réforme du double cursus instaurant depuis 2016 une formation commune architecte-ingénieur pendant les trois premières années a-t-elle un effet sur l'emploi ?
Avec cette première prise en compte dans l'enquête, nous manquons encore de recul, mais les premières conclusions confirment la plus-value à l'embauche que représente ce double cursus. La réforme s'inscrit en tout cas en cohérence avec la tendance à la montée de l'ingénierie dans les types de fonctions exercées par l'architecte, qu'il ou elle soit employé(e) par un maître d'ouvrage ou exerce en agence.