Le groupe indien Tata Steel a remporté mercredi contre le brésilien CSN les enchères sur le groupe sidérurgique Corus, mettant plus de 10 milliards d'euros sur la table pour une opération qui illustre la montée en puissance des entreprises des pays émergents.
En valorisant le groupe anglo-néerlandais à 10,6 milliards d'euros, dette comprise, Tata Steel apparaît comme le grand vainqueur de ce processus d'enchères rare, imposé aux deux rivaux par le gendarme britannique des fusions, faute de les voir se départager autrement. Avant l'arrivée de CSN en effet, Corus avait accepté à l'automne une première offre du groupe indien à 455 pence, soit un quart de moins que l'offre finale.
Le nouveau groupe deviendra le cinquième aciériste mondial selon Corus et Tata, le sixième selon les chiffres de la fédération internationale de l'acier, avec quelque 23 millions de tonnes produites par an.
Ce rachat illustre en effet la montée en puissance des groupes industriels des grands pays émergents, aux dépens des puissances traditionnelles.
En 2006, le sidérurgiste européen Arcelor a été racheté pour 27 milliards d'euros par le leader mondial du secteur, Mittal Steel, coté aux Pays-Bas mais dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal. Toujours dans l'acier, l'américain Oregon Steel Mills a été repris par le russe Evraz.
Contrairement à Arcelor, qui avait repoussé dans un premier temps Mittal Steel, Corus, né en 1999 de la fusion entre British Steel et le néerlandais Hoogovens, et dirigé par le français Philippe Varin, souhaitait de longue date s'allier à un concurrent d'un pays émergent, disposant de gisements de minerai de fer.
Reste à savoir si l'acier reste un secteur rentable malgré la forte demande de ces pays émergents. Les spécialistes divergent : l'agence de notation Standard and Poor's s'attend ainsi à une baisse de la production en 2007, tandis que le cabinet de consultants britannique MEPS la voit progresser de 5,4%.