L’éco-conception, une démarche indispensable au développement durable

Christian CUCCHIARINI, (EGF BTP), Christophe GOBIN(VINCI Construction France) et André JENNY (Quille, Groupe BOUYGUES)

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5429 HOR GOBIN.eps

Si tous les professionnels du BTP s’accordent sur la nécessité d’envisager une nouvelle attitude face aux exigences du développement durable, le contenu des réponses demeure très variable. Certains ne retiennent que la dimension environnementale en considérant qu’il s’agit là de l’aspect le plus significatif tant au plan des attentes – en raison du coût de plus en plus élevé de l’énergie – qu’à celui des techniques à développer. Ce point de vue est réducteur et introduit une confusion. Les exigences d’un développement durable concernent également les conditions de travail, les mesures de sécurité, la contribution au développement local et surtout la dimension économique qui doit permettre de proposer des opérations à un coût acceptable pour les clients.

Que recouvre l’eco-conception ?

Cette méthodologie qui est appliquée en milieu industriel analyse l’objet d’une activité économique comme un système mobilisant un certain nombre de flux :

– les flux entrants relatifs aux matériaux nécessaires pour produire l’objet mais aussi aux besoins en énergie et en fluides ;

– les flux sortants correspondant aux rejets tant solides que gazeux que ce soit des déchets consécutifs à la production ou les effets du fonctionnement de l’objet.

Il s’agit en fait d’une analogie avec un mécanisme thermodynamique ce qui conduit à considérer tous ces flux comme néfastes pour notre environnement :

– les flux entrants constituent des prélèvements de ressources dont on a pris conscience maintenant qu’elles sont limitées ;

– les flux sortants contribuent à la pollution de notre planète (effet de serre, saturation des décharges…).

Pour répondre à cette problématique il existe plusieurs outils disponibles proposés par l’Ademe. Cependant, leur application n’avait pas été envisagée pour la construction en raison du cloisonnement institué entre les secteurs du BTP et de l’industrie.

Or, cette approche s’applique parfaitement à notre cadre de vie bâti. La construction est, par essence, une mobilisation de ressources et son fonctionnement génère de nombreux impacts environnementaux (consommation d’eau, production de déchets, besoins énergétiques pour fournir un confort thermique…). Les méthodes d’analyse de cycle de vie (ACV) permettent en outre une comptabilisation de ces flux et introduisent ainsi une capacité de mesure.

Quels sont les avantages attendus ?

L’éco-conception a le mérite de circonscrire le champ de préoccupations environnementales à la seule maîtrise des flux générés par la construction. Elle évite ainsi de confondre des critères qui relèvent de la nature du projet et ceux qui concernent l’environnement. A titre d’exemple, le niveau d’éclairage d’un bâtiment est du seul ressort des utilisateurs. Par contre, la consommation énergétique qui l’accompagne constitue un flux que les constructeurs se doivent de minimiser.

Cette optimisation énergétique résulte d’une réflexion sur l’ensemble des besoins en énergie qui accompagne le fonctionnement global du bâti sur un cycle de durée de vie. L’éco-conception opère ainsi une vraie prise en compte de l’environnement en cernant des phénomènes qui relèvent de la physique du bâtiment sans interférer avec des choix strictement architecturaux.

L’éco-conception introduit également l’idée d’une vraie mesure. Plutôt que de rechercher la meilleure combinaison de « performances » conduisant à un label, il s’agit de mesurer puis de réduire des flux significatifs : la quantité de ressources naturelles prélevée (eau et matériaux), les consommations énergétiques, la contribution aux gaz à effet de serre, le volume des déchets générés, le risque sanitaire encouru. Ces informations s’appliquent à toutes les constructions. Elles sont calculables suivant des protocoles transparents (ACV) et ont un sens pour la société civile car elles permettent de comparer des projets sur des aspects identiques. Elles débouchent surtout sur une possibilité réelle de mutualisation des retours d’expérience qui fait cruellement défaut actuellement.

L’éco-conception en définissant un périmètre précis du volet environnemental facilite l’émergence d’outils compatibles avec les volets économiques et sociaux du développement durable. Dans la perspective des recommandations de l’Union européenne, elle évite la confusion des genres et permet l’utilisation de protocoles de mesure communs à l’ensemble des intervenants de la filière. Elle traduit ainsi la volonté d’assumer une réelle responsabilité en affichant des objectifs vérifiables et en contribuant à un co-développement durable de notre cadre de vie.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5429 HOR GOBIN.eps PHOTO - 5429 HOR GOBIN.eps
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !