A quelques semaines des vendanges, les grappes de gamay, de chardonnay et de pinot mûrissent sous l'œil vigilant de Frédéric de Saint-Jean. C'est un homme libre qui arpente les coteaux, foule cette belle terre argilo-calcaire et tâte les grains gorgés de promesses. « Ici, je me sens comme un marin qui a largué les amarres. Pas de pression, ni de contraintes. Que du bonheur ! » Quand il marche entre les ceps, le patron fondateur d'Everest Echafaudages se sent léger. Cela fait maintenant trois ans que Frédéric de Saint-Jean a repris en main la destinée des vignes familiales, jusque-là exploitées en métayage. Quelques hectares situés en amont du hameau du Marquison, non loin du coquet village de Theizé (Rhône). Quand ses affaires lui en laissent le temps, c'est ici qu'il se ressource. Au cœur du Beaujolais des pierres dorées.
Créée il y a 19 ans, Everest Echafaudages déploie son activité sur toute la région Rhône-Alpes et le sud de la Bourgogne. Quatre agences (Lyon, Chalon-sur-Saône, Grenoble et Annecy), 40 salariés et un planning bien rempli (800 chantiers annuels). Cet acteur régional s'est spécialisé dans les prestations pointues : échafaudages suspendus, ouvrages d'art et sites classés, interventions délicates pour les couvreurs… Plus récemment, Frédéric de Saint-Jean s'est diversifié en créant deux sites internet de négoce de matériel : monechafaudage.com et france-echafaudage.com.
« Ici, je me sens comme un marin qui a largué les amarres. Pas de pression, ni de contraintes. » Frédéric de Saint-Jean, président d'Everest Echafaudages
En se rendant dans ses vignes, le patron ne peut s'empêcher de jeter un œil aux commandes en cours. A Villefranche-sur-Saône, la réfection de la toiture historique du marché couvert se poursuit. Un peu plus loin, c'est un grand silo à grains qui se trouve serti jusqu'au sommet par sa gangue de métal. « L'un de nos chantiers phares se trouve actuellement à Marseille, commente le chef d'entreprise. Cela fait deux ans que nous intervenons sur la cathédrale de La Major. »
Un autodidacte perfectionniste
S'il se défend d'aborder la culture de la vigne avec l'âme d'un entrepreneur, ce perfectionniste conserve un très haut degré d'exigence. Pas question de « bidouiller », comme il dit. Quelques signes ne trompent pas : l'acquisition de Nestor, impressionnant robot viticole autonome à quatre roues directionnelles ou la récente inauguration d'un bâtiment en pierres dorées de 250 m2. Ce dernier abrite la logistique et l'espace de dégustation idéal pour apprécier la fraîcheur de son beaujolais bio, l'équilibre de son bourgogne blanc ou les joyeuses bulles de son crémant de Bourgogne. Rien n'a été laissé au hasard : récupération des eaux pluviales, panneaux photovoltaïques et recours à deux architectes, un pour l'extérieur et l'autre pour l'intérieur cosy.
« La première année, certains m'ont vu débarquer comme un Martien, s'amuse le néo-vigneron. J'ai senti quelques regards dubitatifs. Mais en faisant des recherches généalogiques, je suis remonté jusqu'en 1786, ce qui signifie près de 250 ans de présence familiale dans ce hameau ! Cela me confère une certaine légitimité, non ? » Celui qui cultive désormais 12 hectares persévère avec humilité et apprend chaque jour de ses erreurs. Quand il doute, il interroge son fidèle chef de culture : « Alors Maurice, c'est pour quand les vendanges cette année ? » Ce dernier, ancien charpentier, est comme lui un autodidacte issu du bâtiment.
Cet article fait partie du dossier "Jardin secret" de notre série de l'été "Miam".