JO 2030 : le projet de village olympique de Briançon dévoilé

Désaffecté depuis 1945, l’emblématique fort des Trois Têtes de Briançon (Haute-Alpes), construit au XVIIIe siècle sur les plans de Vauban, a trouvé une nouvelle vocation. La place forte, située sur un promontoire rocheux dominant la ville, sera un des quatre villages des Jeux olympiques d’hiver en 2030 (JOP 2030). La décision a été validée, le lundi 14 avril, lors du lancement de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo).

Une semaine plus tôt, la Ville de Briançon avait transféré à la Solidéo la maîtrise d’ouvrage du projet de réhabilitation du site militaire. Ces deux conditions réunies ont permis, deux jours plus tard, le 16 avril, au maire Arnaud Murgia d’en présenter les grandes lignes, en présence d’Edgar Grospiron, président du Comité d’organisation des Jeux (Cojop), et de Damien Robert, directeur général exécutif de la Solidéo.

A gauche, Damien Robert, directeur général de la Solidéo, lance la consultation auprès des opérateurs immobiliers pour créer le village olympique dans le Fort des trois têtes à Briançon. © C.W.

A droite, Edgar Grospiron (à dr.), le président du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030, s’entretient avec Arnaud Murgia, le maire de Briançon. © Ville de Briançon

Deux lots distincts

Dans le cadre de la salle du Vieux Colombier dans la ville haute, en face des élus du Briançonnais et d’acteurs économiques, le directeur général exécutif de la Solidéo a donné le top départ à la procédure de consultation des opérateurs immobiliers qui interviendra dans le courant du mois d’avril.

L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) portera sur deux lots distincts. L’un consiste à rénover, à l’intérieur de l’enceinte militaire, les 17 bâtiments (18 600 m2 environ de surface existante), ainsi qu’à attribuer des droits à construire pour des extensions en veillant à suivre les plans initiaux de Vauban avec, pour contrainte, l’hébergement d’au moins 950 athlètes et la capacité à accueillir différentes fonctions supports (restauration, soin, etc.). Dans la phase héritage, il a vocation à devenir un nouveau quartier comprenant environ 150 logements (31 % de BRS, 58 % en accession libre, 11 % saisonniers et pluri-actifs) et une résidence pour les travailleurs, organisés autour d’un cœur actif qui comptera des hôtels, des équipements de proximité dont un installé dans l’ancienne chapelle du fort.

L’autre lot concerne l’ancienne usine de textile du XIXe siècle Schappe, située en contrebas du fort et imaginé comme point de départ d’un ascenseur valléen, inscrit en option dans la consultation. Le bâtiment industriel sera réhabilité pour offrir des capacités d’hébergement supplémentaires en vue d’accueillir les bénévoles et volontaires des JOP 2030. En phase héritage, il sera réaménagé pour abriter 150 logements et un théâtre intercommunal actuellement à l’étude. La Ville a confié à l’Etablissement public foncier Provence-Alpes-Côte d’Azur la mission de l’acquérir auprès de son propriétaire privé.

Dépôt des candidatures en juin

Le dépôt des candidatures est attendu en juin. Présélectionnées avant le 15 juillet, les équipes seront ensuite invitées à participer à des ateliers de travail thématiques pour élaborer le projet. Puis, elles devront remettre deux offres : une, initiale, en novembre 2025, puis une, finale, début 2026. Elles pourront répondre à un ou deux lots. Dans ce cas présent, la Solidéo interviendra en supervision pour garantir le respect des délais, des coûts et des standards de qualité.

Les candidats ne partiront pas de rien. Ils pourront s’appuyer sur l’étude de programmation qui a vérifié la capacité du site à respecter le cahier des charges du CIO et a défini les scénarios d’opportunité permettant de réhabiliter ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, d’abord en village olympique puis en nouveau quartier. Réalisée par le groupement GMDP associé à Yurban, Ville ouverte et Alternet, celle-ci a déjà permis de conclure à la faisabilité de la transformation. Parmi les pistes figurent la création de deux bâtiments temporaires et des extensions contemporaines sur trois des 17 bâtiments à l’intérieur de l’enceinte.

Contraintes

« Nous avons cinq ans devant nous. Nous devons livrer en temps et en heure des ouvrages qui soient aussi pérennes pour les habitants. Cela implique de concevoir des ouvrages adaptés pour durer. Nous avons aussi à cœur de minimiser notre empreinte, à être sobre et à ne pas bousculer les équilibres », a déclaré le directeur général exécutif de la Solidéo. « Compte tenu de la complexité de l’opération en termes patrimonial, géographique et environnemental, nous lançons une consultation très ouverte pour donner la plus grande chance de succès », a-t-il ajouté.

« Le projet est emblématique et complexe, avec de nombreuses contraintes, mais c’est une opportunité à saisir », a déclaré le maire de Briançon, heureux de concilier la préservation du fort des Trois Têtes et le développement de son territoire grâce à la création d’un nouveau quartier proposant une grande diversité de logements et un musée dédiée à l’histoire militaire du site. « Si nous réussissons, ce village sera le fleuron des JOP 2030 et probablement le plus beau de l’histoire des olympiades. », a-t-il conclu.

Parmi les pistes de l’étude de programmation figure la création de deux bâtiments temporaires et des extensions contemporaines sur trois des 17 bâtiments (image issue de l’étude de faisabilité). © Ville de Briançon

Reste à organiser les transports par la route comme par le train. La visite au matin du 17 avril du P-DG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, aura pour objectif de regarder les conditions d’amélioration du transport express régional (TER) notamment entre Marseille et Briançon, à la jonction avec la future ligne TGV du Lyon-Turin, ainsi que de la desserte Intercités Paris-Briançon. Autre sujet mis sur la table : la création d’un pôle d’échange multimodal en gare de Briançon.