Comment vivez-vous les hausses de tarif des éco-organismes pour la REP PMCB en 2024 ?
Valobat et Ecomaison augmentent en effet leurs tarifs, mais pas de façon linéaire. Selon les familles de produits, cette hausse peut aller de x2 à x10 ! Valdelia, de son côté, avait construit un tarif 2023 différent, qu’il peut maintenir en 2024. Mais lors de la mise en place de la REP PMCB, il y avait des enjeux concurrentiels qui ont conduit à des tarifs attractifs au démarrage.
Avec de telles hausses, les éco-contributions peuvent représenter jusqu’à 4 % du prix de vente d’un produit. C’est particulièrement vrai pour les produits d’entrée de gamme, puisque l’éco-contribution est calculée en fonction du poids d’un produit, et pas de son prix. Or, une porte intérieure à 40 € pèse le même poids qu’une porte à 400 €…
Cette hausse correspond-elle à une réelle montée en puissance de la REP PMCB ?
Non, et c’est bien le problème. Dans le décret d’agrément, il est imposé aux éco-organismes une trajectoire, tant pour le nombre de points de collecte que pour les tonnages effectivement collectés. En 2024, la collecte est censée atteindre 53 % du gisement total. Quand on sait qu’au mieux, quelques milliers de tonnes ont été collectées en 2023, ce niveau est absolument hors de portée. Les éco-organismes le savent, les ministères le savent, mais on nous répond qu’on ne peut pas changer la loi. Or, les événements récents avec les agriculteurs démontrent que des modifications législatives en urgence sont possibles !
Comment les distributeurs vivent-ils cette REP ?
La loi impose l’obligation de reprise dès 4000 m² de surface de stockage et de vente. Beaucoup se sont déjà conformés à la loi, ont investi, mais avec des bennes vides. Tout comme nous, les distributeurs sont convaincus qu’il faut aller vers cette REP, mais que la France, par des ambitions bien trop rapides, met en place un système trop brutal.
Les hausses se poursuivront-elles en 2025 ?
Ce n’est hélas pas impossible ! Nous avons d’ores et déjà demandé à Valobat et Ecomaison un point sur la situation concrète à la fin de cette année, pour mesurer les vrais coûts de la filière. Mais la REP PMCB risque d’être prise dans la même contradiction que ce que vient de traverser le meuble. La crise du secteur fait baisser les volumes vendus, et donc les éco-contributions collectées. Or, il faut bien couvrir les coûts fixes des éco-organismes, et les tarifs finissent par monter pour compenser les baisses d’activité !
L’éco-modulation est censée permettre de diminuer l’éco-contribution des produits les plus vertueux en termes d’économie circulaire. Savez-vous où elle en est dans le bâtiment ?
A ma connaissance, nulle part. Mais je le dis aux éco-organismes : si elle doit être mise en place, que ce soit à travers un dispositif simple, qui ne vienne pas ajouter de nouvelles contraintes administratives ! Dans l’univers du bricolage, nos PME ont vu un distributeur imposer le contrôle d’un laboratoire extérieur pour le recyclage des déchets de production, qui ne transitent pas par un fournisseur et ne peuvent donc pas se prouver par des factures d’achat de matières à recycler. Une attestation sur l’honneur devrait suffire !