« Nous autres entrepreneurs ne baissons jamais les bras, et ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous sommes acculés ! Et nous le sommes ! ». C’est un premier discours de combat qu’a tenu Jacques Tavernier, président d’honneur d’Eurovia, lors de son intronisation à la tête de l’Usirf le 11 juin. Le nouveau président, qui succède à Jean-Louis Marchand, a d’emblée rappelé que la profession luttait actuellement pour sa survie, alors que tous les indicateurs sont au rouge et que les perspectives sont particulièrement sombres, avec la crise des finances publiques (baisse des dotations de l’Etat aux collectivités, suspension du budget de l’Afitf,…) et la réforme territoriale en cours qui risque selon Jacques Tavernier, « d’inhiber encore davantage la maîtrise d’ouvrage publique sur ses budgets d’investissement et d’entretien ». Depuis cinq ans, « l’industrie routière française a perdu 20% d’activité et 10 000 emplois, a-t-il rappelé, et sans reprise de l’activité, historiquement basse, des communes et des intercommunalités, et en l’absence de relais des départements, ce sont 10 000 emplois locaux supplémentaires qui seront supprimés à la fin de l’année 2014 ». La baisse d’activité de l’industrie routière devrait ainsi « tangenter avec les -10% en 2014 », a-t-il déploré. Pour rappel, l’Usirf prévoyait encore en mars dernier une baisse contenue entre -6% et -7%...
En pointe pour convaincre de l'importance des routes
Dans cette période de crise, la première priorité de l’Usirf sera pour son président d’être à la pointe du combat pour convaincre les collectivités locales, l’Etat et l’opinion publique de l’importance socio-économique et stratégique des infrastructures routières. « Nous ne pouvons pas nous contenter de tirer la sonnette d’alarme. Nous avons l’obligation d’être proactifs et constructifs » a-t-il martelé, indiquant qu’il s’appuierait sur les Sprir – les délégations régionales de l’Usirf – pour relayer le message.
Au-delà de cette priorité, Jacques Tavernier a dit vouloir poursuivre les travaux de l’Usirf en termes de santé et d’environnement, et relancer la recherche et l’innovation routières, « parents pauvres de la recherche alors que les besoins sont importants ». Le nouveau président s’est dit convaincu que pour s’en sortir, la profession devra « innover, expérimenter, et sortir des sentiers battus ». Pour cela, l’Usirf pourra s’appuyer sur l’Idrrim, lieu de dialogue de tous les acteurs des infrastructures, où s’élabore la doctrine technique française. « La communauté routière est prête, à travers l’Idrrim qui depuis sa création il y a quatre ans, s’est désormais imposé dans le paysage, à amorcer une nouvelle phase d’innovation dans un contexte de rupture : il va nous falloir apprendre à penser autrement ».
Une convention-cadre avec le Cerema
Sur cette même ligne partenariale, l’Usirf devrait signer le 11 juillet une convention-cadre avec le Cerema, le nouvel établissement public qui réunit notamment les anciens Cete et le Sétra. Selon le directeur général du Cerema, Bernard Larrouturou, cette convention devrait notamment renforcer « les synergies entre le Cerema et l’Usirf, accroître les connaissances des techniques routières, et développer des actions techniques ou des recherches favorisant l’innovation, le transfert de technologies en s’appuyant sur les réalités industrielles ». Pour sa part, Jacques Tavernier a souligné l’intérêt de ce contrat-cadre qui permettra « en ces temps difficiles où nous avons plus que jamais besoin de travailler ensemble, de partager l’innovation », et de répondre à l’injonction du moment, qui consiste à devoir « faire mieux avec moins ».