J.-F. Piquet (Demathieu

Après avoir construit sa notoriété au XXe siècle en ouvrages d’art et génie civil, l’entreprise enracinée en Lorraine a conquis l’Hexagone et s’est diversifiée dans le bâtiment (60 % du chiffre d’affaires). Entretien avec Jean-François Piquet, président du directoire.

Le dernier exercice de Demathieu & Bard se traduit par le franchissement d’un nouveau palier de croissance. Pouvez-vous en résumer la mesure ?

L’exercice clôt le 31 décembre dernier se traduit par un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros, en progression de 30 % et par un résultat courant avant impôts qui s'élève à 14,36 millions € contre 13 millions en 2005. Supérieure à celle du marché, notre croissance de chiffre d'affaires s’explique en partie par des acquisitions, mais aussi par le renforcement de notre couverture de l’hexagone, en particulier dans les régions Languedoc-Roussillon, Ile-de-France et Nord-Pas-de-Calais. Cette dynamique géographique va se poursuivre en Provence : nous cherchons à nous y implanter durablement, alors qu’actuellement, cette région est couverte à partir de Lyon pour des opérations bien spécifiques. Plusieurs investissements immobiliers récents ou à venir concernent le renforcement de nos implantations régionales, en particulier à Lyon, Paris et en Alsace.

Lesquels de vos métiers tirent-ils cette croissance ?

Le poids relatif du bâtiment, par rapport aux Travaux publics, a continué à se renforcer, pour atteindre 58 %. Il s’agit d’une esprit familial, rayonnant sur un marché national et international et ouverte à la délégation et à la responsabilisation. L’image que nous véhiculons suscite un nombre croissant de candidatures spontanées.

Disposez-vous également de marges de progrès en génie civil ?

Outre notre participation aux grands ouvrages de la route des Tamarins, sur l’île de la Réunion, la libéralisation du marché de l’énergie nous a conduits à diversifier notre clientèle dans ce secteur. Parmi les nouveaux donneurs d’ordre, citons Areva, l’espagnol Endesa et plusieurs équipementiers importants, dont Siemens, Alstom et General Electric. Le terminal méthanier de Fos-sur-Mer figure parmi nos références majeures en génie civil industriel. Nous nous appuyons sur l’échange d’expériences transatlantiques pour développer cette activité.

Quelles stratégies développez-vous, par rapport aux partenariats public privé et aux concessions ?

Nous continuons à nous intéresser aux partenariats publics privés, en France comme en Allemagne. Mais nous nous heurtons toujours aux lourds investissements en études préalables et au manque de sécurité juridique et financière, comme l’illustrent en Allemagne les contrats comportant trop de risques potentiels. Un autre obstacle provient de la taille de certains mega-projets, incompatibles avec les moyens de notre entreprise. En ce qui concerne les concessions d’infrastructures, nous développons des candidatures en association avec des partenaires, dont des exploitants, projet par projet : par exemple l’A88 Falaise – Sées et le Grand contournement Ouest de Strasbourg, ou encore le Tram-Train sur l’île de la Réunion.

L’entreprise conserve-t-elle son indépendance financière ?

Après valorisation de sa participation, la banque SNVB a souhaité continuer à nous accompagner sous d’autres formes : ce partenaire reste au conseil de surveillance, aux côtés d’autres établissements financiers. Le capital de la holding qui détient la totalité du groupe Demathieu & Bard se répartit désormais comme suit : 50 % pour Philippe Bard, président du conseil de surveillance, et 50% pour l’équipe dirigeante ancienne et actuelle.

Les ressources humaines ont-elles suivi une trajectoire parallèle à celle du groupe ?

Depuis le début des années 2000, nous avons en effet doublé nos effectifs, qui approchent aujourd’hui de 2300 salariés permanents. Nous recrutons 400 à 500 personnes par an ; à court terme, nous cherchons 200 compagnons et une cinquantaine de cadres et Etam. Outre un effort de formation qui atteint le triple du minimum légal, la qualité de nos équipes repose sur l’adhésion aux valeurs d’une entreprise indépendante à l’esprit familial, rayonnant sur un marché national et international et ouverte à la délégation et à la responsabilisation. L’image que nous véhiculons suscite un nombre croissant de candidatures spontanées.

Propos recueillis par Laurent Miguet

Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans "Le Moniteur" du 13 juillet (n° 5407)

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