Internet Les entreprises du BTP sont connectées

Notre sondage « Le Moniteur/Pro BTP » révèle la banalisation de l’utilisation d’Internet. Les entrepreneurs du BTP recherchent en ligne des informations et effectuent des tâches administratives.

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Manifestement, les entreprises du BTP ont opéré leur mue technologique. Fin 2000, 55 % disposaient d’un accès à Internet et à peine 49 % communiquaient par courrier électronique,selon un sondage « BVA/Le Moniteur ». Cinq ans plus tard, les chiffres recueillis par notre sondage « Le Moniteur/Pro BTP » révèlent la progression : 81 % des entreprises sont connectées, 87 % utilisent l’e-mail. Dans certains usages, la progression est impressionnante : 62 % des entreprises échangent en 2005 des données avec leurs partenaires de chantier (contre 11 % en 2000) ! Désormais, il est impossible de coller au BTP l’image d’un secteur retardataire du point de vue technologique.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. D’abord, les entreprises ont profité de la baisse des coûts des ordinateurs pour s’informatiser et systématiser le recours aux logiciels de gestion. Ensuite, les offres de connexion à haut débit se sont généralisées sur l’ensemble du territoire, qui plus est à des tarifs devenus abordables. Enfin, les fédérations professionnelles ont joué un rôle clef dans cette prise en main d’Internet. Réunies au sein de l’association Mediaconstruct, elles ont sillonné les routes de France pour former plusieurs milliers de dirigeants à la pratique d’Internet (projet « cyberbus » en 2000) et aux échanges collaboratifs (programme « batibus » en 2003). Elles ont également multiplié les développements à destination de leurs adhérents.

La Capeb a développé en interne des sites spécifiques, comme l’annuaire en ligne « Artisans du bâtiment », et participé à la création de portails généralistes du type Interbat. Après avoir mis en place un didacticiel de formation à Internet « e-AB », la confédération participe aujourd’hui au projet européen visant la mise en place de bases de connaissances au service des artisans du bâtiment (projet « Know Construct »). La FFB, de son côté, a développé un réseau de 86 sites qui partagent des ressources communes, telles que des bases de données sur la création et la transmission d’entreprises et sur les offres et demandes d’emplois. Prochainement, les adhérents accéderont à une offre d’applications de gestion en ligne agrégées dans le cadre du projet « e-Bat ». « Si les entrepreneurs ont tant tardé à se connecter, c’est parce qu’ils ont généralement peur d’Internet, commente Christian Baffy, président de la FFB. Ils ont la phobie des virus. Au-delà de cette crainte, il y a surtout le passage d’une culture du concret à une culture du virtuel. De notre côté, nous sommes convaincus qu’une entreprise qui ne maîtrise pas Internet d’ici à deux ans est une entreprise en danger. Les freins, souvent psychologiques, peuvent s’effacer en établissant un rapport de confiance. Au début de notre projet ‘‘e-Bat’’, 20 % des entrepreneurs s’avouaient réfractaires à Internet. Après six mois de réunions, il n’y en a plus un seul. Dans leur utilisation du Net, les entrepreneurs font confiance aux acteurs qu’ils côtoient dans leur quotidien professionnel : banques, organisations professionnelles ou encore administrations. »

Un web administratif. De fait, le Net est surtout utilisé pour effectuer des tâches administratives, même si celles-ci impliquent une certaine confidentialité. Déclaration de TVA, déclaration d’arrêt ou d’accident du travail, déclaration unique d’embauche, déclaration nominative des salaires annuels… 45 % des entreprises interrogées ont déjà réalisé des télédéclarations fiscales et sociales. « Les déclarants s’approprient les procédures en ligne grâce aux formulaires EFI qui reproduisent sur écran les formulaires papier, affirme Joëlle Vaucelle, responsable des relations avec les utilisateurs du portail Net-entreprises.fr. Ils ne changent pas leurs habitudes en remplissant les champs sur ordinateur. Ils profitent aussi des fonctionnalités informatiques comme des fenêtres d’aide ou des alertes de non-cohérence. »

La gestion en ligne des comptes bancaires s’impose aussi très naturellement dans deux entreprises sur trois. Elles suivent leur trésorerie via Internet et ordonnent des virements pour payer leurs salariés ou régler leurs fournisseurs. L’opération se répète quotidiennement sans le moindre contact avec le banquier, ni peur des piratages informatiques.

Craintespersistantes. Dès lors, pourquoi les entrepreneurs redoutent-ils encore certains usages d’Internet, comme la dématérialisation des marchés ? « Les banquiers ont longtemps travaillé, modifiant à maintes reprises leurs plates-formes électroniques avant qu’elles soient acceptées par les entreprises. A la décharge des entrepreneurs, les procédures d’appels d’offres s’avèrent relativement plus complexes, y compris dans des procédures papier classiques. En outre, la législation n’est pas encore fixée. Beaucoup de points comme la standardisation des formats d’échanges ou la normalisation des documents doivent être précisés, explique Schellen Berger, administrateur honoraire de la FNTP en charge du dossier dématérialisation au sein de la fédération et de l’association Edibuild. Pour autant, les entrepreneurs doivent changer leurs habitudes. Ils doivent apprendre à travailler avec un ordinateur, lire des plans sur un écran et échanger des données par Internet : c’est une question de survie! »

De fait, les mentalités évoluent. Désormais, une entreprise sur deux possède un site. Beaucoup d’entrepreneurs se sont décidés il y a un an environ et d’autres devraient les imiter dans les prochaines semaines. Leur démarche ne suit aucun but commercial. Rares sont les entreprises du BTP qui font des affaires en ligne. En revanche, les dirigeants s’aperçoivent de l’impact d’Internet en tant qu’outil de communication. La présentation de leur entreprise, de ses qualifications, des photos des réalisations retient l’attention des maîtres d’ouvrage et des prescripteurs. Les contenus des sites peuvent aussi attirer des demandeurs d’emplois. En dépit des difficultés d’embauches, peu de sites de PME du BTP permettent pour l’instant le dépôt de CV en ligne. Sabine Basili, administrateur de la Capeb et animatrice du groupe informatique, est confiante : « Pour progresser, les entreprises doivent utiliser tous les moyens pour gagner en temps, en efficacité et en rentabilité. L’utilisation des nouvelles technologies inscrit le bâtiment dans la modernité de l’économie actuelle. Le secteur en devient même attractif. »

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