L’environnement ? « C’est ce vers quoi est principalement tournée l’innovation », souffle l’un des répondants au « baromètre de l’innovation 2024 ». Les résultats de cette étude du « Moniteur » et de la Fédération française du bâtiment (FFB), réalisée par Infopro Digital Etudes, est sans appel : les entreprises de bâtiment ont d’ores et déjà pris le virage du verdissement.
Un premier chiffre souligne cette priorité : les 201 personnes interrogées par téléphone du 9 au 29 avril 2024 fixent, en moyenne, l’effort de leur entreprise pour « déployer la transition environnementale » à 6,2 sur 10. En comparaison, la transition numérique plafonne à 5,7.
Priorité aux déchets
Citée par 46% des répondants, la « gestion des déchets » constitue ainsi le domaine le plus souvent « concerné par l’innovation dans votre entreprise », tous sujets confondus, à égalité avec la prévention-sécurité. Sous la double pression des ambitions environnementales et des contraintes réglementaires, cette thématique parait désormais prise à bras-le-corps par les acteurs du bâtiment. 89% des professionnels interrogées affirment ainsi que leur entreprise a déjà mis en place des actions en ce sens, et 7% estiment que cela est imminent.
Cet engouement n’altère pas la lucidité sur les progrès à réaliser. « On est très en veille et très ouvert sur tout ce qui se fait en termes de recyclage, de récupération des déchets, etc. Même si la filière n'est pas très développée aujourd’hui, il faut être honnête », reconnait ce représentant d’une petite ETI.
Economies d’énergie et bas carbone
L’autre champ sur lesquelles les entreprises progressent vite est celui de la réduction des dépenses énergétiques. 72% des entreprises interrogées déclarent avoir mis en place des actions de sobriété énergétique, un chiffre en croissance par rapport à la précédente vague de ce baromètre, remontant à 2022 (46% des répondants). Et 14% les prévoient dans les 5 ans.
Même ordre de grandeur pour décarbonation. 7 entreprises su 10 affirment avoir déjà mis en œuvre des actions en vue de réduire leur empreinte carbone. En additionnant celles qui anticipent de le faire au cours des cinq prochaines années, on obtient un taux de 83% des entreprises engagées dans la baisse des émissions de CO2. Un chiffre qui monte à 96% chez les entreprises interrogées comptant entre 50 et 249 salariés.
Diversité des leviers
Les entretiens approfondis avec quelques professionnels permettent de mettre en lumière la diversité des leviers actionnés par les entreprises de bâtiment. L’un cite, pèle-mêle, « les rupteurs de ponts thermiques », le « béton bas carbone », les « pompe à chaleur » et le « photovoltaïque »… Un autre insiste sur ses avancées en termes d’économie circulaire : « Notre vraie innovation arrive en 2023, avec des produits de réemploi. Nous sommes alors lauréats d'un appel à projet de la région. Depuis, nous avons sorti d'autres produits avec des matériaux recyclés. » Un grosse ETI s’interroge sur « le champ d'innovation lié à l'eau : comment récupérer ces eaux de pluie, les réutiliser… »
Parfois, les réflexions vont très loin, preuve que l’innovation peut devenir très prospective. « L'innovation dans le bâtiment, pour moi, doit interroger la façon de déconstruire. On passe une énergie folle à construire des choses très vite, mais sans jamais vraiment se poser la question de ce que qu’elles vont devenir de 30 ou 50 ans. Certains promoteurs me disent que leur ouvrage, construit il y a 12 ans est déjà obsolète ! Cela m’inquiète vraiment, car les coûts de rénovation sont énormes et l’impact environnemental a été terrible. » Le champ de l’innovation environnementale est vaste, il commence à peine à être labouré.