L’ambition du « Baromètre de l’innovation dans les entreprise du bâtiment 2024 », réalisée conjointement par la Fédération française du bâtiment (FFB) et « Le Moniteur », consiste de dresser le portrait à jour d’un secteur travaillé par de profondes mutations. Son intérêt réside aussi dans l’hétérogénéité des pratiques innovantes constatée au sein même des entreprises de bâtiment.
Pour le comprendre, les équipes d’InfoproDigital Etudes ont interrogé un panel de 201 répondants, au diapason de la diversité des acteurs du secteur. Ils représentent les différentes métiers (gros œuvre, second œuvre…), des activités centrées sur le neuf ou la rénovation et une vaste échelle de volume de chiffre d’affaires et des taille d’effectif. Le tout offre une vision fine de l’appropriation de la question de l’innovation dans les diverses typologies de sociétés.
Le constat est clair : la taille de l’entreprise constitue un critère particulièrement discriminant. Un phénomène dont les répondants ont pleinement conscience. Dans l’auto-évaluation sur le niveau de déploiement de l’innovation dans leur propre entreprise, les représentants des TPE se donnent une note de 3,9 sur 10, loin des 7,0 des collaborateurs d’entreprises de 50 à 249 salariés.
Même constat sur l’effort déployé en interne. 30% des TPE l’estiment « peu ou pas important » (contre 14% en moyenne) quand plus de la moitié des grosses PME et les grandes groupes le jugent « assez important », contre un tiers en moyenne.
Des priorités différentes
La taille de l’entreprise a donc tendance à déterminer le niveau de déploiement de l’innovation. Elle donne aussi une indication sur les priorités données à la politique de la maison. A côté de la gestion des déchets et de la prévention-sécurité, deux thèmes largement fédérateurs, plébiscités l’un et l’autre par 46% des répondants, certaines particularités apparaissent.
Alors que seuls 13% de tous les répondants citent « l’organisation de l’entreprise et le lean management » comme un domaine prioritaire de l’innovation, cette proportion monte à 29% dans les entreprises de 10 à 29 salariés. A l’inverse, 50% des ETI et grandes entreprises placent « la réduction des impacts carbone » au rang des priorités, soit plus du double de la moyenne du secteur (23%). Les entreprises de 50 à 249 salariés surinvestissent de leur côté dans « la démarche qualité » (45% des répondants de cette catégorie, contre 24% en moyenne).
Même constat sur le recours constaté aux outils innovants. Que ce soit dans l’usage des objets connectés, du BIM ou de la robotique, les grandes entreprises se montrent bien plus enclines à employer des technologies de rupture. De manière générale, d’ailleurs, elles se montrent très en avance sur la transition numérique.
Une hétérogénéité de stratégies
Quand on parle de déploiement de l’innovation, il y a certes « quoi ». Mais aussi le « comment ». De la TPE à la major, le pilotage interne de l’innovation diffère du tout au tout. Les répondants des ETI et des grandes entreprises citent à 48% les directions marketinget communication et à 41% la direction de l’innovation. Des entités qui, bien entendu, n’existent tout simplement pas dans les petites structures. Pour 100% des entreprises de moins de 10 salariés interrogées, c’est bien à la direction générale que revient la charge de s’impliquer le plus dans le déploiement de l’innovation.
Enfin, concernant le financement de l’innovation, la règle générale reste l’autofinancement, mobilisé par 69% des répondants. 35% déclarent avoir recours aux prêts bancaires, une proportion qui monte à 55% chez les entreprises de 20 à 49 salariés. Quant au recours aux subventions publiques, il est surreprésenté dans les entreprises dont le chiffre d’affaires dépassent mes 50M€.
