Le constat est clair : comme ceux de l’équipe de France de football, les résultats du show-room sont maussades. Frédéric Chareton doit re-motiver la responsable de la salle expo. Après un point de détail des ventes, le chef d’agence attaque bille en tête.
- Bien Joëlle, j’espère que tout cela va se concrétiser par du positif, car vos résultats ont besoin d’un nouvel influx !
Joëlle, première hôtesse du show-room, est interloquée.
- Je ne comprends pas, Frédéric. Vous venez de le constater : je suis pile dans mes objectifs.
Exact, mais avec un marché à 5 %, j’espérais mieux. D’autres dans le service sont à 7 %.
- Ah, je vois à qui vous faites allusion. Que voulez-vous, tout le monde n’a pas les mêmes arguments que Valérie.
- Allons, allons Joëlle, pas de mauvais esprit, s’il vous plaît. Votre réaction est primaire. Je vous croyais plus sereine face au charme naturel de votre collègue.
Frédéric Chareton pense avoir clos le sujet, mais Joëlle, très remontée, n’entend pas en rester là.
- Peut-être, mais je ne suis pas la seule à m’interroger à l’agence. Nous en discutions avec les ATC après notre réunion commerciale.
Chareton prend un air irrité.
- Et que disiez-vous au juste ?
- Tout simplement que Valérie obtient systématiquement des autorisations de remises supérieures à toutes celles que nous n’avons jamais pu vous arracher. En moyenne, elle travaille à moins 15 % par rapport au tarif. Il y a de quoi se poser des questions !
Songeur, Frédéric Chareton ne peut s’empêcher de penser aux méthodes déployées par Valérie. Sans conteste, elle use fréquemment de son charme pour faire basculer les décisions à son avantage. Plus d’une fois, il a succombé au sourire angélique mais ravageur de Valérie en lui cédant sur des taux de remises inhabituels…
Très vite, il se reprend.
- Je n’ai jamais empêché quiconque de faire des prix. Il peut se trouver des circonstances exceptionnelles – et Valérie en a peut-être bénéficié –, mais cela aurait pu être le cas pour n’importe lequel des commerciaux. Vous ne m’accuseriez pas de favoritisme par hasard ?
Joëlle jubile. Elle a conscience d’avoir pris l’avantage sur son chef. Un vrai plaisir.
- Disons qu’après les félicitations répétées auxquelles elle a eu droit, il y a de quoi se poser des questions.
Franchement irrité par la tournure que prend l’entretien, Chareton coupe sèchement.
- Je ne vous permets pas cette accusation. Je ne suis en rien sous l’influence du charme de Valérie. Cela fait dix ans que je dirige cette agence. Je sais de quoi je parle, Valérie est performante, un point, c’est tout ! D’ailleurs, il ne s’agit pas de remise accordée, mais plutôt de taux de marge à dégager, et je ne doute pas qu’avec un peu d’efforts, vous arriverez aux mêmes résultats.
Sur ces mots, Chareton quitte la salle, laissant Joëlle pensive.