Horizons Bois, le projet phare bas carbone d’Eurorennes stoppé

Le ciel s’obscurcit pour Horizons Bois. Le redémarrage de ce projet phare d’Eurorennes semble fortement compromis après l’arrêt brutal de son chantier, il y a deux mois.

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Le chantier de l’opération Horizons Bois, projet phare d’Eurorennes, est arrêté depuis septembre?2023.

Implanté à deux pas de la gare de Rennes, ce programme de 50 logements devait constituer l’un des démonstrateurs de la construction décarbonnée avec une présence majoritaire de bois (structure, isolation, agencement, etc.) conjuguée à une conception passive. « Ce projet répond à l’ambition de Rennes 2030 : une ville durable, qui fait le pari de la qualité architecturale » avait déclaré Nathalie Appéré en 2018.

Hélas, quatre ans après, une pandémie et une série de crises plus tard, le promoteur Lamotte, maître d’ouvrage principal, a confirmé par la voix de son directeur régional Antoine Botrel, « le regrettable démontage de la grue, alors que les deux niveaux de sous-sol sont quasiment achevés ».

Cette décision intervient aussi dans un contexte peu favorable, où les réservations de logements neufs ont chuté de 40 % sur un an. La commercialisation d’Horizon Bois peinait effectivement à décoller avec seulement 25 % des lots vendus.

L’architecte évincé

Cette mise à l’arrêt décidée en septembre par le promoteur rennais s’accompagne d’un autre élément épineux à verser au dossier : la résiliation du contrat de maîtrise d’œuvre adressée à l’architecte Thierry Soquet de l’agence Architecture plurielle à l’origine de l’opération et initialement propriétaire du foncier. Cette décision serait motivée par « l’explosion du budget de plus de 50 % qui rend impossible la commercialisation des lots et par le refus des entreprises de clos-couvert (façades à ossature bois) et de leur assureur de participer au projet en raison de l’imprécision des informations attendues dans le cadre du dossier marché ».

Défaillance du charpentier

De son côté, le principal visé revient sur les difficultés rencontrées dans le sourcing des entreprises de charpente pour le lot façade. Thierry Soquet rappelle « qu’une première entreprise avait fait machine arrière à la signature du marché en 2021 alors que les pièces de marché étaient prêtes. Sa liquidation judiciaire a été prononcée quelques mois plus tard ». Le groupement s’était alors tourné vers un autre charpentier, lequel s’est rétracté avant la signature du marché en juillet 2023.

A l’issue d’une réunion de crise en août, deux entreprises de construction bois de l’Ouest ont été consultées pour reprendre le marché. Selon, l’architecte, « toutes les conditions étaient alors réunies pour relancer le marché de fabrication des façades à ossature bois (FOB), lesquelles ont été prototypées et ont fait l’objet des essais Lepir pour la tenue au feu. Essais validés par Efectis en 2021 ».

Le groupe Lamotte affirme pour sa part, que « le report du marché vers d’autres charpentiers exige un temps d’analyse de dossier et de réponse incompressible de leur part ». « Au vu de ces nouveaux délais, une mise à l’arrêt de chantier a été décidée », déplore Antoine Botrel.

Nouvel appel d’offres

Pour l’heure, le groupe Lamotte n’écarte aucune solution. Un nouveau dépôt de PC ? Un PC modificatif ? Une réorientation vers un système constructif tout béton ? Reste que les fondations ont été dimensionnées pour reprendre les charges d’un immeuble principalement en bois. « La conception est actuellement retravaillée en interne pour lever les sujets susceptibles d’être un frein à un futur appel d’offres », poursuit le directeur régional du groupe.

Il n’en reste pas moins qu’une solution devra être trouvée avec l’architecte car il demeure actionnaire minoritaire de la Société civile de construction vente (SCCV) qui porte l’opération. Il reste aussi propriétaire de l’immeuble voisin en cours de rénovation, dont l’un des niveaux de sous-sol est dévolu à Horizon Bois...

Thierry Soquet a spécialement développé un système de plancher mixte bois-béton baptisé Hoboa et financé une Atex de type A. Or, cette solution innovante de préfabrication, développée sur les anciennes chaînes de montage de Citroën, a déjà été mise en œuvre sur deux opérations, Canopia et New project à Cesson-Sévigné près de Rennes. Sera-t-elle, comme prévu, la pièce maîtresse d’Horizon Bois ? On peut l’espérer si le sujet des façades ne lui fait pas ombrage. Contactée, la mairie de Rennes n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet et son devenir.

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