La traque aux passoires thermiques s’intensifie. Après les 4800 rénovations réalisées en 2022, le groupe 3F, filiale d’Action Logement, en déclare près de 6000 en 2023, selon ses résultats annuels présentés le 7 février. « Une rénovation thermique, cela veut dire a minima gagner une lettre » dans le diagnostic de performance énergétique (DPE), précise Frédéric Mira, son directeur chargé de la rénovation durable et de l’innovation.
Un calendrier difficile à respecter
« A Paris notamment, poursuit-il, ces chantiers nécessitent des relogements, ce qui supposera un décalage » par rapport au calendrier d’interdiction de mise en location des logements énergivores, à partir de 2025 pour les biens étiquetés G.
Par « décalage », il faut entendre que des passoires actuellement occupées, et éparpillées au sein de différents bâtiments, parfois en copropriété mixte, seront inoccupées en 2025 voire au-delà car en chantier pour respecter la loi Climat et résilience de 2021. Ces « confettis » seront traités « dès qu’ils seront libérés », et se compteront par « dizaines », estime Frédéric Mira.
En matière de rénovation énergétique, 3F fait quand même partie des bons élèves. « Dans notre patrimoine, les logements F et G réunis représentent moins de 2%, et les E, moins de 7%, ce qui est exceptionnel dans le secteur, se félicite Frédéric Mira. La plupart de ces passoires thermiques sont soit en programmation, soit en chantier. »
Sur les 5,3 millions de logements sociaux que compte le pays, l’Union sociale pour l’habitat (USH) estime qu’il y a 2% de G, 6% de F et 19% de E, à éradiquer respectivement avant 2025, 2028 et 2034.
Premier producteur de logements
Comme en 2022, le groupe qui fédère Immobilière 3F, 3F Sud, Clairsienne… a été l’an passé le premier contributeur en termes de production de logements d’Action Logement. Alors que le ministère de la Transition écologique a annoncé le mois dernier une baisse de 14% des agréments obtenus à l’échelle nationale entre 2022 et 2023 pour atteindre 82 000, la contribution de 3F est même passée de 23% à 28% de la production totale du premier bailleur social de France.
Avec une particularité : « Notre règle de 50% de Vefa HLM et 50% de maîtrise d’ouvrage directe a été légèrement distordue, en raison de l’AMI 30 000 qui nous a conduit à atteindre 64% sur la Vefa HLM », confie Valérie Fournier, directrice générale de 3F.
275 000 logements sous gestion
La dirigeante fait référence à l’appel à manifestation d’intérêts (AMI) lancé mi-2023 par Action Logement pour acquérir 30 000 logements neufs auprès des promoteurs immobiliers qui peinent à les vendre aux particuliers depuis un an et demi, en raison de la rapide hausse des taux. Résultat : le logement intermédiaire, qui permet aux opérateurs privés de s’y retrouver économiquement car celui-ci est vendu plus cher qu’un logement social, pèse 54% dans la production 2023 de 3F. Un niveau jamais atteint.
De la Normandie à l’Occitanie en passant par l’Ile-de-France, le groupe basé à Paris déclare désormais25 000 commerces et 275 000 logements sous gestion, dont plus de 7000 logements intermédiaires, soit moins de 3% de son patrimoine. Le plafond actuel autorisé s’élève à 10% et le gouvernement souhaite le porter à 20%.